TITRE : Cours !!
AUTEUR : Sky, amie des psychopathes et des minorités
DATE : 25/08/05 - 07/10/05
BASE : Battle Royale, le film (plus communément appelé
" les aventures truculentes de quarante et un petits psychopathes au pays
de la violence gratuite et jouissive").
DISCLAIMER : Je n'ai rien à voir avec Battle Royale. Je
ne possède ni la licence du film de Takeshi Kitano (tant pis), ni celle du
bouquin de Koshun Takami (tant pis), ni celle du manga de
celui-dont-le-nom-maléfique-ne-sera-pas-tapé (tant mieux).
Les personnages et l'histoire sont la proriété
exclusive de ceux à qui ils appartiennent, c'est à dire pas moi.
COUPLE : Garçon numéro 6, Kiriyama Kazuo (psycho
killer) et garçon numéro 5, Kawada Shôgo (bandana boy). Ahem.
RATING : NC17, comme à peu près tout ce que j'ai pondu
jusqu'à présent. En même temps, avec Battle Royale, fallait pas vous attendre à
une histoire de petits lapins roses.
WARNINGS : Ben, le truc habituel. Yaoi à tous les étages,
ultraviolence gratuite, bishônens martyrs mais enthousiastes et scénario
globalement inexistant. Cette fic est une "commande" de Ma-Chan (mais
dans ce cas là je crois que le terme exact serait : sommation formelle avec
menace de mort si désobéissance), ce qui explique partiellement le manque de
scénarion, vu que quand ça la prend j'ai intérêt à écrire vite et beaucoup. (ne
regardez pas les dates sinon je suis grillée °~°)..
AMBIANCE : Deux CDs en boucle l'un après l'autre : OK
Computer de Radiohead (merci grand frère) et In Utero de qui vous savez. Ah, le
doux beuglement rauque et désabusé du grand, légendaire et bien trop mort Kurt
Cobain... Kuuurt !! Reviens !! (ND Ma-Chan : et ramène Freddie Mercury avec
toii !!)
RESUME : Ahah. Vaste
question. Merci de l'avoir posée. Disons "une belle nuit, sur une île
presque déserte, une bombe nommée Kiriyama marine dans ses hormones et décide
de profiter des dernières heures qui lui restent à vivre, pour le plus grand
malheur d'un certain Bandana Boy". J'ai été claire ?
Cours !
Une
fiction by Sky
Shôgo Kawada n'était pas tranquille. Malgré le silence qui régnait dans le dispensaire, rompu seulement par la respiration fiévreuse de Noriko, malgré les pièges disposés tout autour de son abri et supposés le prévenir de toute approche ennemie, il avait un mauvais pressentiment.
C'était le moment de la journée qu'il aimait le moins, juste après le crépuscule, quand les ombres s'allongeaient et altéraient la réalité.
Kawada se leva lentement, rejoignit Shuya qui veillait, assis à une table près de la seule bougie allumée. À côté de lui, Noriko reposait sur un lit de camp, se retournant dans son sommeil. Son front était inondé de sueur, sa main droite refermée sur la blessure infectée de son épaule, son souffle court et saccadé.
_ Shuya, murmura Kawada.
_ Tu crois qu'elle va guérir ?
_ C'est juste une mauvaise fièvre. Ca ne durera pas.
Shuya soupira, se frotta les yeux en dodelinant de la tête.
_ Je ne sais pas si je vais réussir à rester éveillé...
_ Dors, trancha Kawada. Je monte la garde.
Shuya acquiesça d'un battement des paupières, puis posa sa tête sur ses bras croisés et ferma les yeux.
Kawada alla s'asseoir contre la porte d'entrée. Il avait toujours ce goût amer dans la bouche, ce noeud au fond de l'estomac. Quelque chose de mauvais arrivait, il le sentait. Mais il ne parvenait pas à deviner quoi.
Il concentra toute son attention sur ce qu'il y avait au-delà de la porte. La nuit, le sang et l'horreur. Le vent dans les branches des arbres alentour. Le silence.
Puis un craquement. Si ténu que Kawada ne sut pas s'il était réel, ou si ce n'était qu'une création de sa propre angoisse. Un autre suivit, puis un troisième. Réguliers comme des pas dans l'herbe sèche.
Kawada retint son souffle. Quelqu'un approchait. Et ce quelqu'un était assez dangereux pour éviter tous ses pièges au beau milieu de la nuit et s'approcher presque sans bruit.
Le jeune homme se glissa jusqu'à la fenêtre, écartant vivement le rideau. Derrière la vitre, il n'y avait que le noir d'encre du ciel, déchiré d'un fin croissant lumineux qui peignait la forêt d'une impossible nuance de vert.
_ Où se cache cet enfoiré ? articula silencieusement Kawada, scrutant l'obscurité .
C'était la situation qu'il détestait le plus. Il était totalement vulnérable, incapable de dire qui était son ennemi, de pressentir d'où le danger allait surgir, et entravé dans ses actions par deux personnes à protéger.
Kawada se força à respirer calmement, à réfléchir au moyen de s'en tirer. Il y avait toujours un moyen, pour peu qu'on se donner la peine de le trouver.
Il était sûr d'une chose : l'ennemi était seul. Plusieurs personnes auraient été incapables d'une telle discrétion, ou auraient préféré une attaque directe.
Kawada se demanda un instant si ce qu'il avait de mieux à faire n'était pas de souffler la bougie, de se jeter à plat ventre et d'attendre que l'étranger abandonne en pensant le dispensaire vide.
C'était stupide, réalisa-t-il une seconde plus tard. L'ennemi ne partirait pas sans avoir fouillé le bâtiment. Pire, il avait probablement repéré les pièges au-dehors. Il savait qu'ils étaient là.
Lentement, la main de Kawada glissa jusqu'à sa poche. Son revolver était toujours là, dur et glacé, mortel et rassurant.
Puis il attrapa la poignée de la porte, avec la sensation de faire une erreur. Mais il n'avait pas d'alternative.
La porte s'ouvrit en grand, et il appuya sur la détente, perçant l'obscurité d'une multitude d'explosions brûlantes. L'obscurité mit un instant à se refermer sur lui. Puis une vague d'adrénaline lui glaça les entrailles.
Une lame acérée était logée tout contre sa gorge, juste au-dessus du collier, et une main lui arracha son revolver d'un geste vif.
Le jeune homme comprit ce qui se passait un instant trop tard. Son ennemi l'avait attendu juste à côté de la porte. Il n'avait eu qu'à se plaquer contre le mur pour éviter les balles, et maintenant il le tenait.
L'erreur de Kawada était digne d'un débutant, impardonnable et irréparable. D'ici une seconde, le sabre trancherait sa gorge, briserait sa moëlle épinière, et c'en serait fini de lui.
Il voulut crier pour prévenir Shuya et Noriko, pour qu'au moins eux aient une chance de s'en sortir, mais un bras vint bloquer sa bouche, l'empêchant de produire plus qu'un murmure étouffé.
_ Ecoute-moi bien, gronda une voix rêche qu'il ne connaissait pas. Je n'ai pas l'intention de te tuer, à moins que tu ne m'y obliges. Un mot et je te réduis en pièces. Compris ?
Kawada hocha lentement la tête. Il y eut le crissement métallique d'un sabre rangé dans son fourreau, et la pointe glacée du canon de son proprre revolver contre sa nuque.
_ Avance.
Kawada obéit. Il détestait l'idée de s'aventurer hors des zones où il avait disposé ses pièges. Même si le type qui le tenait en joue disait ne pas vouloir le tuer, il y en avait d'autres qui, s'ils passaient dans les parages, n'hésiteraient pas à les abattre à vue.
Ils marchèrent un long moment à la lisière s'une forêt, ombres parmi les ombres, la brise nocturne sifflant à leurs oreilles.
_ Dis-moi au moins qui tu es, fit Kawada à voix basse.
_ Le volontaire, répondit l'autre, une nuance amusée dans le ton. Kiriyama Kazuo.
Kawada se figea une seconde. Le pistolet s'enfonça dans sa nuque en manière d'avertissement, et il reprit sa marche.
Kiriyama... Il s'attendait à tout sauf à lui. Bien qu'à la réflexion, le volontaire était certainement le seul à pouvoir rivaliser avec lui en matière de technique de guerre...
Il n'aimait pas ça. Il ne savait rien de ce type, n'avait aucun moyen de pression, ignorait ses motivations et ce dont il était capable.
Kawada réalisa qu'il devait être le seul participant de la Battle Royale à avoir entendu sa voix.
Maintenant, il aurait juste aimé savoir ce que l'autre avait derrière la tête.
_ Où est-ce qu'on va ? Qu'est-ce que tu veux me faire ?
L'autre se fendit d'un sourire carnassier.
_ Pas loin. Et pas grand-chose. Sois sage.
Au fur et à mesure qu'ils avançaient, Kiriyama se fit plus attentif aux lieux, jetant des coups d'oeil furifs à sa carte, comme cherchant quelque chose.
Finalement, il ordonna à Kawada de s'arrêter. Ils se trouvaient au bas d'un plateau rocheux, entourés de plusieurs frênes gigantesques.
_ Assieds-toi, articula Kiriyama.
L'autre se laissa tomber le long d'un tronc, sans un mot, observant le paysage qui s'offrait à lui. Une douce clarté lunaire peignait de vert les feuilles des arbres, découpat le relief de rochers aigus à travers la plaine. En cet instant, dans la beauté sombre de la nuit, l'île n'avait plus rien d'un cimetière à ciel ouvert. C'était un havre de paix, un paradis luxuriant où la nature était seule juge.
Là, Kawada et Kiriyama étaient comme seuls au monde.
_ C'est pas un peu ironique ? demanda Kawada dans un souffle, presque pour lui-même.
Pourtant, Kiriyama baissa les yeux, un imperceptible froncement de sourcils l'invitant à continuer.
_ Que cette île soit si belle... Alors que tant de gens sont morts, dit Kawada d'un ton égal, comme extérieur à cette constatation.
Il pensait vaguement à parler, juste par habitude, parce que Kiriyama ne le ferait pas et qu'au moins tant que le silence ne revenait pas, il n'avait pas à se poser de questions.
Alors les fines lèvres du garçon aux cheveux rouges s'ourlèrent d'un sourire inquiétant, démesuré, dément. Et il partit d'un profond rire de gorge.
Un frisson glacé parcourut la moelle épinière de Kawada. Comment pouvait-on rire d'une façon si malsaine ?
_ Qu'est-ce qui te prend ?
Il attendit une seconde, puis répéta plus fort. Kiriyama semblait ne pas l'entendre.
Vif comme l'éclair, il saisit sa chance : dans le noir, il sauta sur le garçon, cherchant des mains la chair tendre et vulnérable de sa gorge.
Kiriyama réagit avec un grognement sourd, plaquant le canon du pistolet au hasard contre le visage de Kawada, qui ne desserra pas son étreinte.
Son doigt mit une fraction de seconde à presser la détente. Quand le coup partit, Kawada avait dévié le canon du revolver du revers de la main. La balle siffla à un centimètre de son oreille.
Kiriyama poussa un feulement de rage, se sentant déséquilibré par le recul et le bras gauche de son opposant. Tous deux tombèrent à terre, la forte carrure de Kawada contre les frêles articulations du garçon aux cheveux rouges. Le premier leva le poing, s'apprêta à l'abattre sur le visage de son opposant, se demandant inconsciemment s'il serait capable de tuer un homme à mains nues.
Puis une violente lumière le fit reculer, le laissant aveugle pour quelques secondes.
Kiriyama garda sa lampe de poche braquée sur lui, réinstallant le pistolet contre son visage.
_ Et tu parlais de morts, grogna-t-il. Pourtant, il y a trois ans, tu n'as pas hésité à les tuer tous, hein ?
Kawada se figea.
_ Tu es au courant ? Pourtant...
L'autre ricana.
_ Pourtant tu n'as pas été filmé lors de ta victoire, c'es ça ? Tu as eu beau être transféré directement à l'hôpital, ne pense pas que tu étais impossible à identifier pour pour peu qu'on s'en donne la peine.
Alors qu'il parlait, son sourire se faisait plus large, ses pupilles plus dilatées.
_ Pourquoi ? articula Kawada.
_ Et Keiko, continua l'autre, s'approchant toujours plus près, Keiko y est passée aussi, hein ?Tu t'es pas posé de questions, tout ce qui comptait c'était d sauver ta petite gueule...
_ C'est faux !!! hurla Kawada. On n'avait pas le choix !
_ Pas le choix ? Qu'est-ce qui t'empêchait de te tuer, toi ? Si tu l'avais vraiment aimée, voilà ce que tu aurais fait.
_ Et qu"est-ce que ça peut te foutre, hein ? Qui tu es pour dire que je ne l'aimais pas ?
Kiriyama cessa de sourire.
_ Keiko était ma soeur.
Il y eut une seconde de silence. Puis Kawada répliqua d"un ton acide :
_ Vous avez le même âge. Et elle ne s'appelait pas Kiriyama. Ne plaisante pas à propos d'elle.
Il vit les mains du garçon se crisper sur le pistolet.
_ On n'a pas la même mère... Elle est la fille légitime. Moi, je ne suis que le bâtard de la famille. J'ai gardé le nom de la maîtresse de mon père.
Kawada écarquilla les yeux. Keiko en avait parlé, une fois, une éternité auparavant. Il était chez lui, allongé aux côtés de la jeune fille, dans la pénombre moite d'une nuit d'été. Ils avaient passé ler journée ensemble, plus amoureux que jamais, et elle lui parlait de cette voix douce et musicale qu'il aimait tant.
" On n'a pas la même mère, mais il est plus proche de moi que si on avait été frère et soeur. Kazuhiko est tellement fragile, tu sais... Je ne sais pas ce qu'il deviendrait si je n'étais plus là pour m'occuper de lui..."
Ce jour-là, quand elle avait parlé de disparaître, il s'était moqué d'elle.
Oui, une éternité auparavant. Le souvenir de ce jour s'affadit doucement dans l'esprit de Kawada, jusqu'à n'être plus qu'une brume qui laissa place au visage blanc et fin de Kiriyama.
_ Et qu'est-ce que tu comptes faire ? demanda le brun. Venger ta soeur ?
_ J'en ai envie, concéda l'autre, un doigt tremblant contre la détente du revolver. Oui, j'en ai vraiment envie...
Kawada ferma les paupières. Le frère de Keiko pouvait bien le tuer, après tout. Ca ne la ramènerait pas, pas plus qu'il ne serait pardonné de son crime. Mais la mort semblait si douce, à présent qu'il n'avait plus rien.
Il attendit le coup de feu un instant, imaginant l'arrondi parfait de la balle qui se logerait entre ses deux yeux, l'engourdissant peu à peu. Mais au lieu de ça...
Une main se posa sur son épaule, l'allongea dans l'herbe.
_ Shogo...
Son coeur manqua un battement. Pourquoi Kiriyama se mettait-il à l'appeler par son prénom, pronoçant exactement comme Keiko avait coutume de le faire, insistant légèrement sur la deuxième syllabe ?
Il voulut parler, mais les mots ne franchirent pas ses lèvres.
Kiriyama était penché sur lui, et, le pistolet toujours contre sa tempe, il lui volait un baiser.
...
Kawada le repoussa de toutes ses forces, une moue de dégoût déformant ses traits.
_ Tue-moi si ça t'amuse, mais pas ça !
Le garçon aux cheveux rouges laissa échapper un ricanement.
_ "Ca" m'amuse encore beaucoup plus, figure-toi. Et puis réfléchis : si tu mourais, qu deviendraient Shuya et Noriko ? Ca serait quand même dommage que quelqu'un attaque le dispensaire pendant qu'ils dorment en pensant que tu montes la garde...
Kawada se mordit les lèvres. Il était coincé. Soumis au bon vouloir de Kiriyama.
_ Allez, Shogo-chan, susurra une voix contre son oreille. Laisse-moi faire.
Ses yeux se fermèrent quand le corps fin et osseux du garçon glissa contre le sien, le collant contre le sol, des lèvres humides cherchant les siennes.
La langue de Kiriyama s'insinua entre ses dents, et il sentit une violente nausée s'installer au fond de sa gorge.
Il lutta pour se détourner, ne fit que pousser Kiriyama à le mordre jusqu'au sang. Sentant les dents du jeune homme déchirer cruellement ses lèvres, il gémit malgré lui. Kiriyama le laissa reprendre son souffle une seconde, un sourire carnassier fendant son visage.
_ Arrête, Kawada. tu n'as qu'à faire comme si j'étais Keiko, ajouta-t-il finalement d'un ton désinvolte.
Le jeune homme sentit sa gorge se nouer.
_ Pourquoi est-ce que tu fais ça ? Qu'est-ce que tu me veux ? Parle, je...
Sa voix mourut quand le souffle moite de son ravisseur caressa son oreille.
_ Je veux savoir, Kawada. Savoir ce que tu as fait à ma soeur pour qu'elle t'appartienne.
_ Elle ne... M'appartenait pas, soupira en vain Kawada.
_ Elle passait ses journées avec toi... Elle ne dormait même plus à la maison... Tu lui as fait quelque chose...
Kiriyama parlait d'une voix rauque, au rythme de sa respiration. Et au fil des mots, son long corps blanc se serrait toujours plus contre celui de son compagnon, ses lèvres contre son cou, ses hanches creuses et brûlantes contre ses cuisses...
Kawada réprima un sanglot. Pourqui faisait-il cela ? Pourquoi rappeler à lui le fantôme de Keiko, alors qu'il avait fait son deuil ?
Et surtout, pourquoi, à travers son dégoût, le corps osseux de ce garçon si étrange provoquait-il une telle chaleur au fond de son ventre ?
À cet instant, il se haïssait de réagir ainsi. Keiko avait été la seule, Keiko et sa voix douce, ses seins roses et lourds, ses hanches rondes, l'odeur de sa sueur et les vagues brillantes de ses cheveux d'obsidienne.
_ Shogo, je t'adore, murmura une voix beaucoup trop grave. Prends-moi. Fais-moi mal. Fais-le ou je te loge une balle dans la tête.
Kawada lutta contre sa nausée.
_ T'es malade, Kiriyama... Laisse-moi partir...
Lui-même ne croyait pas beaucoup à ses propres paroles, et le sourire dément de Kiriyama acheva de le désillusionner.
_ Arrête, Shogo. Si Keiko avait demandé ça, tu ne l'aurais pas insultée comme tu le fais...
_ Mais tu n'es pas Keiko !
Il avait presque hurlé cette dernière phrase. Tout ça était d'une telle absurdité...
Pour toute réponse, les paumes des mains du jeune homme se posèrent sur ses yeux. Puis Kiriyama l'embrassa durement, mordant ses lèvres et enfonçant sa langue au fond de sa gorge.
Kawada avait vaguement conscience du métal glacé du pistolet, abandonné contre sa tempe. Il ne se sentait pas le courage de lutter pour le prendre.
Il détourna la tête, libérant ses lèvres pour articuler à voix basse :
_ Je ne peux pas faire ça...
Ses mots se perdirent. Kiriyama noua ses doigts autour de son cou et serra.
_ Fais-le. Ferme les yeux et déshabille-moi. Appelle-moi Keiko, ou démon, ou tout ce que tu voudras. Mais viens.
Kawada expira lentement. Puis ses paupières se fermèrent, éclipsant le visage de Kiriyama.
Il n'y avait plus qu'un corps frêle et brûlant contre le sien, un souffle dans son cou.
Ses doigts glissèrent sur les hanches du garçon, remontèrent par-dessous le tissu de la chemise jusqu'à trouver le creux de son ventre, le relief de ses côtes saillant sous la peau.
Un à un, il défit les boutons qui tenaient le tissu fermé, fit glisser la veste et la chemise sur les épaules de Kiriyama.
Ses mains s'attardèrent sur la nuque du garçon, n'y trouvant pas les longs cheveux auxquels il s'était habitué.
La poitrine plate de Kiriyama se colla tout contre la sienne, augmentant encore son sentiment que tout cela n'était qu'un étrange rêve, tourmenté et dépourvu de logique.
La souce chaleur d'une main glissa contre sa joue.
_ Keiko...
Et de nouveau, elle était là. À travers ses paupières fermées, il sentait que le corps brûlant de désir contre le sien ne pouvait être que celui de son amante. Ses cheveux étaient plus courts, sa silhouette plus osseuse, son odeur imperceptiblement différente. Mais c'était elle.
De longs doigts habiles vinrent défaire les boutons de son pantalon, le débarassèrent de ses sous-vêtements.
Kawada doutait d'avoir ressenti quelque chose de semblable. Et trois ans avaient paru un temps si long...
Il y eut le froissement de l'étoffe contre la peau de son amant, puis un souffle.
_ Shogo... Ca fait tellement longtemps...
_ Je sais, murmura l'autre en retour. Pardon pour tout.
Il sentit une chaleur brûlante irradier son ventre, pulser furieusement dans ses veines, cherchant la résonance du coeur de Kiriyama.
Puis ils se trouvèrent.
Kawada ne sut pas exactement lequel des deux gémissait à ce moment. C'était si dur, si bon... Leurs corps résistèrent un instant, puis s'unirent, envoyant des frissons électiques dans la colonne vertébrale de Kawada.
Ils s'embrassèrent fiévreusement, unissant leur souffle comme ils unissaient leur corps.
Ce soir-là, sous l'oeil luminescent de la lune, Kawada et Kiriyama firent l'amour les yeux fermés, jusqu'à n'en plus pouvoir, jusqu'à ce que tout soit consumé, consommé, échangé. Alors ils s'effondrèrent l'un contre l'autre, chacun cherchant son souffle entre les lèvres de son amant.
Une brise nocturne sécha la sueur qui imbibait le front de Kawada. Il frissonna, subitement glacé, et ses paupières s'ouvrirent en grand.
_ Shogo, sourit une voix. Je t'aime.
Doucement, le corps longiligne de Kiriyama se pencha vers lui. Le sourire qui fendait son visage était quelque part entre la sérénité et la folie.
Il vit les longs doigts du garçon s'allonger vers sa joue et tendit instinctivement le visage, attendant un geste de tendresse.
Mais Kiriyama ne fit qu'attraper amoureusement la crosse du revolver.
_ Ki..
Kawada s’interrompit, chercha le prénom de son amant, ne le trouva pas, et lâcha dans un soupir : Keiko.
Le garçon secoua ses cheveux décolorés, les yeux rivés sur les reflets métalliques de l'arme.
_ Merci, souffla-t-il doucement.
La gorge de Kawada s'assécha. Comment avait-il deviné ce que Keiko avait dit avant de partir. Est-ce que ça pouvait être une coïncidence ?
Le sourire de Kiriyama s'élargit, se fit sauvage, cruel, dément.
Kawada n'eut qu'une seconde pour se relever avant de sentir une balle siffler contre sa tempe.
_ Kiriyama !
Il se jeta sur le garçon aux cheveux rouges, lui broya les poignets et finit par lui arracher le pistolet.
_ Espèce de salopard, grogna Kawada. Tu m'aurais tué, hein ?
L'autre se contenta de sourire.
_ Réponds !!
Kiriyama se débattit brusquement, comme un animal à sang froid se libère d'un piège. Il rampa jusqu'à l'endroit où il avait laissé son katana et se releva, faisant face.
Dans la semi-obscurité qui les entourait, Kawada ne voyait que l'éclat des yeux d'obsidienne de celui qui avait été son amant, ses pupilles dilatées à l'extrême et la folie qui les hantait.
Il aurait voulu hurler, pleurer, demander des explications et quémander encore quelques-uns de ces baisers glacés...
Mais Kazuo Kiriyama ne faisait que ce qui lui plaisait.
Ils passèrent un instant à se toiser, l'un étirant ses lèvres fines sur deux canines acérées, l'autre le tenant en joue, son torse nu agité de légers tremblements.
Kawada se rhabilla du plus vite qu'il put. L'autre ne bougeait pas d'un pouce, se contentant de le fixer, étrangement satisfait.
Le jeune homme acheva de nouer sa chemise autour de sa taille. Il frissonnait toujours, et ce n'était plus la faute du froid.
Si il se jetait dans les bras de Kiriyama, est-ce que le garçon l'embrasserait avant d'enfoncer la lame du katana à travers son ventre ? Du métal ou de ses lèvres, lequel serait le plus glacial ?
Avant que son esprit ait le temps de le réaliser, il avait fait deux pas en direction de son amant, le pistolet pendant inutilement à son côté.
Ses mains se tendirent vers Kiriyama, caressant la fine ossature de son visage, cherchant les douces courbes de se lèvres.
Puis il l'attrapa par le menton et l'attira à lui.
Kiriyama gardait les yeux rivés sur lui, souriant d'un air indéfinissable, les reins légèrement arqués pour se maintenir à sa hauteur. Et il était toujours nu, vêtu seulement des ombres jouant sur sa peau et de l'éclat argenté du katana, redoutable et sans défense, délicat, désirable, douloureusement beau.
Kawada happa son sourire entre ses lèvres, goûtant la chair du bout de la langue, se perdant contre le tranchant de ses dents. C'était le meilleur baiser de toute son existence. Ca n'avait rien à voir. La notion de l'amour que lui offrait Kiriyama était différente de tout ce qu'il avait jamais connu. C'était purement physique, addictif et électrisant. Délicieux.
Et Kawada avait la sensation sourde que tout cela allait très mal se finir.
Une voix miaula, presque à l'intérieur de sa bouche :
_ Je pourrais te tuer, Shogo... Hmmm ?
Kawada ferma les yeux. Des mains glacées coururent dans son cou, la pointe humide d'une langue effleura ses paupières, suivit le contour de ses cils, but la sueur et les larmes qui commençaient à y courir. Puis ils se séparèrent.
_ Vas-t'en.
Les mots claquèrent dans le silence de la nuit.
_ Kiriyama ...
Un sourire liquide le fit taire.
_ Arrête, Shogo, souffla-t-il. C'est fini. J'ai eu ce que je voulais, tu sais...
Pendant qu'il parlait, le garçon glissait ses doigts le long se ses tempes, sur sa jugulaire, contre son cou, cherchant les battements affolés de son coeur.
_ J'ai trouvé ce que Keiko voulait dire.
Kawada baissa les yeux sur lui, l'incitant silencieusement à continuer.
_ Elle disait que tu étais pur.
_ ... Pur ?
Kiriyama ne répondit pas, mais glissa la langue entre les lèvres de son amant, avidement. Kawada ne se sentait pas très pur, à cet instant. Des images qu'il n'aurait jamais cru pouvoir supporter défilaient dans sa tête, des images de sang et de sexe, les silhouettes de Keiko et Kazuo se fondant en une seule image androgyne rampa contre son propre corps, dévorant sa chair et ses fluides vitaux.
Il secoua la tête, chassant la sueur qui coulait devant ses yeux.
Puis un point glacé naquit contre sa poitrine. Son regard tomba sur la pointe du katana qui frôlait sa peau, faisant naître une minuscule tache de sang dans le tissu de sa chemise.
Il chercha une explication dans les yeux de son amant, espérant qu'il aurait encore quelques instants de chaleur, de cette joie malsains qui brûlait toujours au fond de son ventre.
Il ne trouva rien dans les pupilles d'obsidienne. Rien qu'un regard méprisant pixé sur un point infiniment lointain, définitivement hors de portée.
Kawada soupira doucement. Ses doigts se tendirent vers le visage du garçon, puis il se ravisa. Que cela lui plaise ou non, il n'était plus temps de chercher du plaisir dans ces traits ensorcelants. Tout avait commencé presque par hasard, pour la seule fantaisie d'un garçon aux yeux fous, et tout allait finir. Ils redevenaient ennemis, prêts à tuer de sang-froid pour protéger leur vie.
Kawada ferma les paupières l'espace d'une seconde, pleinement conscient de la lame contre sa peau.
Puis il fit volte-face et commença à courir.
POSTNOTES : Ouf. Fini. Je sais pas trop quoi penser de
cette fic, et j'ai rien de particulier à en dire. J'espère que les fans de
K&K (désolée, j'en ai marre de taper leur nom à ces deux-là) y trouveront
leur compte... En tous cas j'ai fait de mon mieux. Merci encore à celui sans
qui rien n'aurait été possible, celui qui nous a généreusement donné le DVD de
Battle Royale, à Ma-Chan et moi, un beau jour d'été... Il se reconnaîtra
(encore que je suis pas sûre d'avoir envie qu'il tombe sur ce site... ) Ahem.
Enfin voilà, merci tio, bisous et bonne continuation ^ ^ !!
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