TITRE : Leather
AUTEUR : Sky
DATE : 13/08/05 (no comment.)
BASE : Final Fantasy VIII
COUPLE : Seifer / Squall (mais plus pour longtemps)
DISCLAIMER : Aucun des épisodes de la série Final Fantasy ne m'appartient. J'ai même
pas acheté les jeux, et d'ailleurs je n'ai pas de PS2. Alors, telle la FF-addict qui emprunte la console de sa meilleure amie pour
avoir sa dose, j'emprunte les personnages à Square histoire de me défouler un
bon coup. Voilà.
RATING : PG. Soyons prudents.
WARNINGS : Euh. Cette fic st
susceptible de décevoir les amateurs du couple Seifer/Squall ainsi que tous ceux qui croient à l'amour éternel. A
part ça, c'est (encore) un songfic avec (encore) une
chanson de Tori Amos sur laquelle je n'ai (toujours)
aucun droit. La chanson s'appelle Leather, elle est
extraite de (l'excellent) Little Earthquakes,
à se procurer de toute urgence si par malheur vous ne l'avez pas encore.
RESUME : Les dernières heures du couple Seifer/Squall sur fond de
violences conjugales. Tout un programme.
EXCUSES : Pardon à Mam'zelle Hugues. Je sais que tu
aimes Squall, et après tout c'est
pas de ma faute s'il est tombé sur la mauvaise personne (en l'occurence, Seifer). Et puis c'est
plus fort que moi, j'aime taper sur les beaux gosses. Niark
niark. (oui, Squall est un beau gosse. Je peux
pas le blairer, mais sa change rien au fait que c'en est un.) Et s'il passe un
peu pour un salopard aussi, c'est parce que j'ai horreur du manichéisme et que je voulais pas que mon cher Seifer
porte toute la haine des éventuels lecteurs sur ses frêles épaules. >.<
Leather
Une fiction by Sky
Look, I'm standing naked before you
Don"t you want more than my sex
I can scream as loud as your last one
But I can't claim innocence
Squall n'eut que le temps d'interposer son bras entre son visage et le poing de son amant.
_ Seifer, implora-t-il faiblement, arrête ça...
Levant les yeux, il rencontra le visage anguleux du jeune homme, transfiguré de haine. Ses yeux d'émeraude étaient brûlants de colère, ses mâchoires serrées, ses lèvres étirées en un rictus féroce.
Squall réprima une fois de plus les larmes qui lui montaient aux yeux. Il aurait préféré ne jamais avoir à lui faire face.
Une gifle rageuse répondit à sa supplique.
Lentement, il releva la tête, portant une main à sa joue blessée. Dans sa bouche, le goût amer du sang se mêlait à celui du reproche.
_ Seifer...
_ Ferme-la ! Ferme-la, Squall, j'en ai marre de t'entendre te plaindre !
Il se tut. Puis, sans un regard, il se leva du lit de Seifer et prit la direction de la porte.
Avant qu'il atteigne le milieu de la minuscule chambre de la BGU, Seifer le rattrappa et retint son poignet, le forçant à rester sur place, une grimace de douleur aux lèvres.
_ Où est-ce que tu comptes aller comme ça ?
_ Lâche-moi, tu me fais mal.
_ Ah ouais ?
D'un geste, il l'envoya percuter le matelas.Squall avait appris depuis longtemps qu'il ne servait à rien de résister. Tenir tête à son amant ne lui apporterait rien d'autre que de nouvelles blessures... Il fallait ravaler ses plaintes et attendre la fin de l'orage. Son heure viendrait.
Il resta ainsi plusieurs minutes, allongé les bras en croix sur le lit de Seifer, silencieux et immobile, entendant vaguement les chapelets d'insultes et de reproches dont on l'étouffait.
Comment avaient-ils pu en arriver là ? Ils s'étaient tant aimés, autrefois, avec la force et la passion dévorante de l'adolescence, avec tout leur désepoir et le désir de n'être plus seuls qu'ils appelaient certitude.
Oui, il avait aimé Seifer, jusqu'à la folie, jusqu'à ne plus vivre que pour lui. Il était resté dans son ombre, protégeant du mieux qu'il pouvait la complexité de ce garçon honnête et impulsif qui se faisait souvent plus de mal à lui-même qu'il ne blessait les autres. Il l'avait aimé jusqu'à ce que le reste n'ait plus aucune importance, se glissant dans sa chambre à des heures impossibles, priant pour que personne ne le surprenne.
Il était dans la même chambre à présent, mais le lieu avait changé avec le coeur de son propriétaire. Ces mêmes murs clairs, ce même mobilier usé, cette même odeur de cendres et de vieux livres qui avaient été un paradis ne lui donnait plus qu'une sourde sensation de dégoût.
Il frissonna. Sur ce lit, ils avaient passé d'interminables nuits blanches, riant et faisant l'amour jusqu'à ce que leur corps demandent grâce. Qui aurait pu dire qu'il y serait un jour allongé ainsi, offrande sacrifiée sur l'autel de la rage et du reproche, scellant la fin de leur amour éternel ?
Oh god could it be the weather
oh god why am I here
If love isn't forever
And it's not the weather
Hand me my leather
Quand il rouvrit les yeux, Seifer avait toujours cette expression insupportable. Squall aurait voulu lui arracher ce masque méprisant et retrouver son amant d'autrefois, du temps où ils pouvaient encore sourire.
_ Seif'...
Le jeune homme se figea une seconde à l'emploi de son diminutif.
_ Seif', répéta Squall, arrête de me regarder comme ça.
Un soupir. Puis la colère du blond sembla s'évanouir peu à peu, et il se laissa tomber sur le lit à ses côtés.
_ Je..
Il voulut continuer sa phrase, mais les excuses restaient bloquées au fond de sa gorge. Comme il l'avait toujours fait quand les mots lui échappaient, il chercha les doigts de Squall du bout des siens.
Le brun retira sa main avant même d'en prendre conscience. Immédiatement, le visage de Seifer se ferma.
_ Je peux même plus te toucher, c'est ça?
Un long frisson parcourut le corps nu et vulnérable de Squall, répondant silencieusement à sa question.
_ Désolé... Je suis désolé, Seif'...
_ J'en ai rien à foutre que tu sois désolé ! Pourquoi tu fais ça ?
Squall détourna les yeux, essayant d'empêcher ses lèvres de trembler. Il ne supportait plus cet homme. Il ne savait même pas comment il avait trouvé le courage de lui faire l'amour cette nuit. Cela faisait trop longtemps que le plaisir avait cédé la place à l'obligation, à cette même routine qu'ils s'étaient jurés de ne jamais connaître.
_ Il faut qu'on se quitte, murmura Squall.
C'était la seconde fois qu'il prononçait cette phrase. La première remontait à moins d'une heure, quand il avait enfin réussi à parler. Juste après l'amour, quand il avait réalisé que plus jamais il ne retrouverait les sentiments qu'il avait eu pour Seifer, que désormais son bonheur et le sien étaient deux choses distinctes.
Alors la dispute qui couvait depuis si longtemps avait éclaté. Une dispute comme ils en étaient les seuls capables, éprouvante et interminable, avec toute la violence et la colère de Seifer, toute la tristesse et l'intériorité de Squall.
_ Laisse-moi partir.
Le blond réalisa qu'il avait attrapé le poignet de son amant et le serrait plus que de raison.
_ Attends un peu. Tout ce que je te demande, c'est une explication.
Deux yeux de glace rencontrèrent deux yeux d'émeraude.
_ Je l'aurais fait si tu m'avais laissé parler.
Seifer sentit une bouffée de rage monter en lui, s'insinuer dans les derniers recoins de son esprit. Il se força à respirer à fond, s'enfonça les ongles dans la paume de ses mains pour reprendre le contrôle. Les coups n'effaceraient pas le mépris douloureux qui mangeait le si beau visage de son amant, il le savait. Aucune peur ne brillait dans ce regard couleur de ciel pluvieux, comme toujours. Mais si c'avait été le cas, ne serait-ce qu'une fois, Seifer l'aurait frappé jusqu'à sentir sentir les os se briser, jusqu'à se tacher les mains de ce sang qu'il chérissait tant, faisant sien le corps de Squall, enfin.
_ Je t'écoute, articula-t-il.
Squall baissa la tête.
_ Je ne t'aime plus. Je ne peux plus te supporter. Chaque fois qu'on se voit, tu me fais un peu plus de mal. Tu ne souris plus. Tu n'as plus rien à voir avec le Seifer du début. J'en peux plus, c'est tout.
Il soupira. Puis le silence se fit. Les deux amants étaient assis côte à côte sur le lit, et pas une fois leurs regards ne se croisèrent.
_ C'est tout ? Demanda finalement Seifer. J'espère que tu te sens mieux, maintenant que tu as vidé ton sac. Et qu'est-ce que tu comptes faire ? Me claquer la porte au nez et te trouver une petite amie bien gentille à qui tu pourra raconter combien je t'ai fait souffrir ?
Squall lâcha un petit rire méprisant.
_ Pourquoi pas ? N'importe qui fera l'affaire, de toutes façons ça ne peut pas être pire que d'être avec toi.
Seifer le gifla de toute ses forces avant même d'avoir conscience de ce qu'il faisait. Le brun sentit l'intérieur de sa joue cédant contre ses dents, sa pommette douloureusement brûlante. Il se voûta, essuya le sang qui coulait de la commissure de ses lèvres, et dévisagea son amant.
_ Arrête, cracha ce dernier. Arrête de me servir ta petite gueule de victime. Si je te fais si mal que ça, défends-toi, bordel !
Squall ne répondit pas, mais un fantôme de sourire vint jouer sur son visage. Non, il ne lui rendrait pas ses coups. Il en aurait été capable, ce n'était pas la demi-tête de plus de son aîné qui aurait pu l'en empêcher. Seuleument, il savait depuis longtemps que la culpabilité était beaucoup plus douloureuse que toutes les blessures physiques qu'il pouvait infliger. C'était Seifer lui-même qui lui avait appris comment lui faire du mal. Il lui avait dit ses doutes, ses erreurs et ses errances, dans cet autrefois où ils étaient encore des alliés.
Squall connaissait ses failles. Il savait exactement quels mots utiliser pour lui donner l'illusion du pouvoir, puis retourner le couteau et lui faire porter tous les torts. Il était temps.
_ Tu es le seul à aimer la violence ici, Seifer.
_ Ta gueule.
_ Toujours des insultes. Des coups et des insultes, voilà tout ce que tu as à m'offrir.
_ Ferme-la. Si t'es pas content, fous le camp !
Seifer était furieux, de nouveau. Mais comme toujours, il avait plus de haine pour sa propre stupidité que pour le venin de son amant.
_ Tu viens de dire que tu ne m'aimais plus, reprit-il un instant plus tard. Qu'est-ce que tu fais encore ici ?
_ Tu as demandé des explications, je t'en donne.
_ Tu parles ! Quelles explications ? Je suis le salopard et toi la victime, c'est ça ? Mais moi au moins je ne viens pas de te jeter comme une merde !
Squall renifla dédaigneusement.
_ Si tu m'aimais, on n'en serait pas là.
_ Quoi ?!
Seifer se décomposa. Ces simples mots venaient de briser toutes ses défenses, réduisant à néant la rage qui le portait depuis le début.
Lentement, il agrippa les épaules blanches de son amant, essayant de ne pas prêter attention au frisson de dégoût qui le parcourait.
_ Squall... Comment tu peux me dire ça ?
Sa voix se brisa peu à peu, jusqu'à n'être plus qu'un murmure contre la gorge du jeune homme.
_ Tu sais très bien que c'est faux... Squall... Tu peux me dire tout ce que tu veux, tu peux me faire un milliard de reproches, mais pas ça...
Le brun resta interdit une seconde. Jamais il n'avait vu Seifer sous ce jour, soumis, implorant son indulgence plutôt que d'exiger des excuses. Autrefois, il ne se serait pas pardonné de l'avoir mis dans un tel état. A présent, il n'avait plus qu'un sourd sentiment de satisfaction, alors qu'il découvrait l'îvresse du pouvoir sur un être cher.
_ Lâche-moi, Seifer.
_ Et si j'ai pas envie de te lâcher ?
_ Arrête de faire comme si je t'appartenais.
Le blond releva lentement les yeux. Squall ne sut dire si ce qui brillait dans ses pupilles était de la colère, du désespoir ou quelque chose d'autre, plus profond, plus secret.
_ Je suis à toi et tu es à moi. C'est toi-même qui disais ça, Squall, tu te rappelles ?
Le ton était neutre, mais sa voix résonnait d'un inhabituel vibrato.
_ Plus maintenant, trancha l'autre. Lâche-moi.
Il fit mine d'écarter les doigts de Seifer d'une tape du revers de la main. D'abord, il crut qu'il ne réagirait pas. Puis un murmure amer s'éleva entre eux deux.
_ Salopard, répétait Seifer. Je ne croyais pas que tu serais capable de me faire ça. Tu ne te souviens pas de ce que tu me jurais ? Que tu m'aimais, que tu ne serais pas celui qui partirait ? Et là, "surprise ! C'est fini, je me suis lassé de toi ! Bye bye Seif', je vais me faire sauter ailleurs !"
Sa voix se brisa dans les aigus en une mimique exagérée de la tonalité de Squall.
_ Lassé ? C'est toi qui es devenu insupportable.
_ Je pourrais te retourner le compliment, je te signale ! La seule différence, c'est qu'au moins je tiens à toi.
Le brun ricana.
_ Ah, parce que pour toi, tenir à quelqu'un revient à le frapper et à l'insulter ?
Seifer prit une respiration, fit mine de cracher une réplique cinglante. Les mots ne dépassèrent pas ses lèvres.
Une seconde plus tard, deux yeux de glace se posèrent sur lui, triomphants. Il venait d'abandonner la bataille.
Sans un mot, il se leva, attrapa les vêtements de Squall qui gisaient abandonnés au pied du lit, et les jeta presque au visage de son amant.
_ Tiens. Casse-toi si tu en as tellement envie.
Squall soupira, puis commença à se rhabiller, emprisonnant ses hanches fines dans le cuir noir de son pantalon.
Il devinait les yeux d'émeraude de Seifer posé sur lui, détaillant amoureusement chaque parcelle de son corps. Un comportement presque inconscient qu'il avait toujours eu, et que Squall avait toujours aimé. Être adoré, révéré, apprécié comme une oeuvre d'art, tout cela lui donnait les preuves d'amour que Seifer ne prononçait pas.
I could just pretend that you love me
the night would lose all sense of fear
But why do I need you to love me
When you can't hold what I hold dear
Il se tourna vers le jeune homme, releva la tête, soutint son regard. Il était beau, il le savait. Son corps était une de ses armes favorites, et son efficacité n'était plus à prouver.
Seifer eut un sourire sans joie.
_ Squall... Comment est-ce que tu peux me faire ça ?
Le brun ne put retenir une mimique amusée.
_ Je ne t'oblige pas à regarder.
Seifer secoua la tête. Puis, les yeux baissés, il s'approcha doucement de son amant, comme on le fait pour atteindre un animal farouche ou blessé. Et Squall le laissa faire, parce que Seifer était entièrement à lui, à cet instant. Cette simple pensée envoya une vague d'adrénaline crépitante dans ses veines, fit s'affoler son coeur dans sa poitrine.
_ Seif'.
_ Tout ce que tu veux, murmura le blond. Dis-moi ce que je dois faire. Je veux pas que tu partes...
Leurs regards se croisièrent. Celui de Squall était brûlant de triomphe.
_ À genoux.
Ils retinrent leur souffle l'espace d'une seconde. Si les rapports de force s'inversaient, alors peut-être...
Seifer tomba aux pieds de son amant. Ses bras se nouèrent autour de ses reins, il enfouit son visage dans le creux de son ventre.
_ Squall...
Le brun réprima un frisson de plaisir. Il était adorable, abandonné ainsi à son bon vouloir, le suppliant de ne pas l'abandonner.
Il inspira lentement, ferma les paupières. Il avait beau détester de toute son âme le Seifer arrogant et colérique, il ne pouvait pas s'empêcher d'être attiré par lui à cet instant. Et il était si beau...
Squall se sentit fondre entre les mains de son amant. Ses doigts couraient contre ses hanches à demi nues, imprimant leur chaleur sur sa peau. S'il ne faisait pas quelque chose tout de suite...
Quand la pointe de la langue de Seifer vint goûter le creux de son ventre puis l'étoffe de son pantalon, le brun atrappa son visage, le forçant à le regarder.
_ Arrête.
_ Quoi ?
L'expression du jeune homme était inédite, un douloureux mélange d'envie, d'incrédulité et de frustration.
_ Ôte tes mains, Seifer.
_ Pourquoi ?
Squall soupira puis décrocha silencieusement les doigts de son amant agrippés à ses hanches. Il était doux, mais inflexible.
L'autre se releva, se tint debout face à lui. Ses mains tremblaient imperceptiblement, comme mourant de ne pas pouvoir le toucher.
_ Squall, je comprends plus rien du tout...
_ Tu n'as jamais rien compris. Tu n'as jamais compris ce dont j'avais besoin, ce que j'aimais, ce que je recherchais. Tu ne sais pas comment rendre quelqu'un heureux parce que tu ne penses qu'à toi. C'est trop tard pour t'en apercevoir. Tu ne peux pas tout effacer en t'agenouillant une fois devant moi.
Il s'interrompit une seconde, pensant que Seifer allait le contredire. Il resta parfaitement silencieux. Il y avait toujours son regard, son visage indéchiffrable, sa mâchoire imperceptiblement serrée.
_ Je suis désolé, articula Seifer après un instant.
Sa voix tremblait.
Et quand il enfouit son visage dans le cou de Squall, le brun sentit des larmes glisser de sa peau à la sienne, silencieuses et brûlantes.
Alors seulement il réalisa ce qu'il venait de dire. Comment avait-il osé accuser son amant de ne pas l'avoir compris, lui qui avait partagé ses pensées sans qu'ils aient besoin de parler, lui qui, un temps, l'avait rendu plus heureux qu'il ne le serait jamais ? Comment avait-il pu chercher sciemment à lui faire du mal ?
Et si Seifer pleurait à présent, n'était-ce pas la preuve d'amour qu'il avait attendu, n'était-ce pas les excuses les plus honnêtes qu'on pouvait lui faire ?
_ Je t'ai aimé, Seifer, souffla-t-il avant même de réaliser ce qu'il faisait. Je voulais pas que ça finisse comme ça. Vraiment.
Il y eut un moment de blanc. Les sanglots du blond se mêlaient aux mots de regret qui vibraient de sa bouche à la peau de son amant.
Et il était si affamé, si brûlant et désespéré... Lentement, pas tout à fait à contrecoeur, Squall l'attira contre lui, caressa la soie humide de ses joues, embrassa le sel de ses lèvres.
C'était doux, tendre. Irrémédiable comme un baiser d'adieu. Seifer attrappa timidement son amant par la taille, ne reçut pas de résistance.
_ Squall... On efface tout et on recommence, d'accord ? Je t'aime.
Il l'embrassa sur le front, comme au premier jour, comme la première fois qu'il l'avait pris dans ses bras.
Squall soupira. Son amant n'avait jamais pleuré devant lui, pas plus qu'il ne lui avait dit qu'il l'aimait. Il fallait que ça soit aujourd'hui...
_ Moi aussi, avoua-t-il. On ne peux que t'aimer quand tu es comme ça. Embrasse-moi encore. Dis-moi au revoir.
Seifer le dévisagea de ses yeux d'émeraude mouvante, brûlants et tourmentés. Puis il frerma les paupières, pencha la tête et chercha doucement les lèvres de Squall du bout des siennes. Leurs doigts se nouèrent, leurs souffles s'unirent, leurs coeurs battirent l'un contre l'autre. Seifer l'embrassa passionnément, goûtant le bout de la langue de son amant, lui infusant sa chaleur, buvant encore et encore leurs millions de baisers salés.
I almost ran over an angel
He had a nice big fat cigar
"In a sense" he said
"you're alone here
So if you jump you best jump far"
Alors Squall sentit que son amant lui attrappait les poignets, doucement d'abord, puis avec plus de force. Ses mains se retrouvèrent plaquées contre le mur derrière lui, les hanches de Seifer se pressèrent douloureusement contre les siennes.
_ Seif', souffla-t-il en rompant le baiser.
_ Je te laisserai pas partir. C'est pas un baiser d'adieu, Squall, c'est le début.
Le brun frissonna en sentant la masse brûlante du corps contre le sien, de ces mains qui savaient donner tant de plaisir et ne voulaient lui apporter que du chagrin. De nouveau, les larmes lui montèrent aux yeux. Et dire que l'espace d'une seconde, il avait hésité. Seifer l'avait embrassé si tendrement, il s'était senti si bien... Il avait voulu croire que tout recommencerait. À présent, il s'en voulait d'avoir été aussi naïf. Plus il hésiterait, plus ça ferait mal.
_ Je ne suis pas d'accord.
_ Tiens ? ricana le blond. C'est bizarre, il y a deux minutes tu ne disais pas ça, il me semble.
_ Arrête. Lâche-moi, on n'a plus rien à faire ensemble.
Seifer ne répondit rien. Il se contenta de sourire férocement, ses mains glissant comme deux serpents le long du dos de son amant.
_ Arrête !
_ Shhh... Attends un peu. Ca va te plaire, tu sais. Laisse-moi m'occuper de toi.
Seifer lui glissa ces mots au creux de l'oreille, sulfureux, charmeur. Squall sentit ses doigts se glisser entre sa peau et le cuir de son pantalon, envoyant des frissons de plaisir le long de sa colonne vertébrale.
Seifer savait. Il connaissait tous ses points sensibles. Il l'avait fait jouir plus de fois que Squall ne pouvait en compter. Et il le ferait encore, s'il en avait envie, même si son amant résistait et qu'il devait finir par le prendre de force sur le plancher.
Squall avait envie de vomir.
_ Laisse-moi, Seif. Laisse-moi seul. Arrête de me...
Un hoquet de plaisir interrompit sa phrase, et il se maudit lui-même.
_ Quoi ? susurra Seifer. Tu disais ?
Squall essaya de répondre, mais les mains du jeune homme étaient toujours sur lui, insidieuses, brûlantes, irrépressibles. Il avait épuisé toute sa hargne, toutes les répliques acides qu'il pouvait prononcer. Il ne savait plus quoi faire. Il avait perdu la partie.
Alors il fondit en larmes entre les bras de son amant.
_ Laisse-moi, sanglota-t-il sans pouvoir s'en empêcher. S'il te plaît... Si tu m'aimes...
Il y eut un moment de silence. Puis Seifer retira ses mains de la ceinture de son amant, détournant le regard. Il se pencha pour récupérer le débardeur et la veste de cuir de Squall tombés à ses pieds.
_ Tiens.
Le ton était neutre, ni agressif ni tendre. Il passa le débardeur par-dessus la tête du garçon, le remit en place sur ses hanches.
_ Merci, souffla Squall d'une voix brisée.
Il laissa Seifer lui remettre sa veste, ajuster son col avec un soupir. Ses mains s'attardèrent une seconde de trop sur ses épaules, puis disparurent.
_ Voilà. Vas-t-en, si tu veux.
Squall hocha la tête doucement.
_ J'y vais. Au revoir ?
Il se tourna vers Seifer, eut un sourire qui ne collait pas avec les larmes dans ses yeux. Puis il se hissa sur la pointe des pieds, voulut embrasser son ancien amant sur les joues.
Le blond l'arrêta.
_ Il faut savoir ce que tu veux, Squall. Si tu veux dégager, dégage. Mais ne me fais pas regretter de ne pas t'avoir violé sur place.
Squall réprima un frisson de dégoût. Il ne supporterait plus de voir la bouche si parfaite de son amant lui dire de telles choses. C'était bien fini.
Il avança jusqu'à l'encadrement de la porte. Puis il baissa les yeux, referma les bras autour de son torse, serra contre lui son blouson de cuir.
_ Et c'est tout ?
Oh god could it be the weather
Oh god why am I here
If love isn't forever
And it's not the weather
Hand me my leather...
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