Personnage : Shaka et Ikki principalement,
mais j'ai une forte envie de faire venir toute la troupe ! Mû, Camus, Milo, Shun, Hyoga, Seiya...
etc...
Couple : Shaka x Ikki (mais aussi probablement, les classiques yaoi et hétéro Shun x Hyoga, Camus x Milo, Aiolia x
Marine...)
Genre : Spiritual / Romance / Semi-alternate
Universe
Auteur : Lord Ma-koto Chaoying
Disclaimer : Non, la série Saint Seiya
n'est pas ma création. Si cela avait été le cas, d'abord, tout le monde le
saurait, et ensuite, j'aurais créé des femmes chevaliers plus classe et à la
personnalité plus approfondie.
Résumé : Dans un temple
reculé au coin du monde transmettant des techniques mystiques secrètes, un
jeune prêtre-guerrier doué d'une spiritualité
exceptionnelle cherche sa raison d'être, seul. Mais un jour, confronté à la
face du monde, il découvre en son plus grand adversaire celui qui lui
enseignera le plus grand mystère de son propre coeur...
Note : Bonjour à
vous, lecteurs et lectrices, auteurs et autoresses. C'est toujours un plaisir de
lire un vivier d'oeuvres,chacune différente et avec sa propre personnalité...
j'espère bien avoir le temps de laisser plus de reviews,
parce que je sais que ça fait toujours plaisir aux auteurs, et puis, tout
simplement, j'aime ça aussi.
Aujourd'hui
c'est un style un peu différent pour cette fic... hé oui, on n'est plus dans le
délire de 'Seiya et le Périple du Pope-Corn'
!
Ecrire pour
Shaka, c'est quelque chose ; mais j'aime la spiritualité,
ainsi que la vie, et j'ai toujours trouvé que l'orgueil démesuré dont on pare
le Chevalier de la Vierge (un bouddhiste !) ne rime pas avec spiritualité
divine. Un peu, soit, mais un être pourrait-il être spirituel et... mépriser le
monde ? ça ne colle pas !
C'est pour
ça que j'ai donné une autre dimension à Shaka. Ne
vous inquiétez pas, une part de son orgueil n'aura pas totalement disparu, mais
c'est parce que c'est humain. Quant à Ikki... ah,
vous verrez bien.
Sur ce, je vous souhaite une bonne lecture.
Mon étonnant adversaire
par Lord Ma-koto Chaoying
(Temple secret…
Situé ?)
« Prêtre de la Vierge… »
Une voix résonne, trouble le silence de l’ombre
qui écoute, respectueuse, le halo de lumière habitant l’Univers.
« …on vous demande pour le Rituel de la Guérison.
»
Seuls les êtres qui entrent en communication avec
l’Esprit du Monde perçoivent l’énergie sacrée qui émane de la Vie, offrant
félicité et amour à toutes les parcelles de la Vie. Des pouvoirs de vie et de
lumière divine pour les choses et les êtres ! Mais, pourquoi personne
n’avait-il jamais remarqué que chacun avait ce pouvoir
! Pourquoi pensait-on que cela m’était-il réservé, tel un phénomène
orgueilleux, lointain, différent ?
Je voudrais regarder le ciel et dire que les
étoiles rient lorsque nous offrons notre sourire au ciel.
Je voudrais dire que je suis une étoile qui
chante à la saveur de la lumière offerte et à l’ombre chantante.
Je voudrais que je suis
la Vie, l’Eternelle qui danse, le Divin qui chante pour une histoire d’Amour
éternellement divine entre toutes les êtres et les choses du monde…
L’histoire… d’un homme !
« Marchant sur le chemin ordinaire
Qui conduit à la montagne sacrée où naît le
Divin
Pour voir sa Fleur de Miracle s’étendre dans
l’Univers,
Et tel un Lotus de Lumière et de Vie,
Illuminer l’espérance d’un jour.
Au gré des ombres et des lumières du monde
Qui se reflètent en mon cœur,
Entre besoin et plénitude,
Mon âme traverse les secrets de la Vie,
Pour qu’ils brillent comme l’Eternité
D’une Harmonie sans faille ! »
La nature achève sa symphonie de merveille, dont
je garderai dans mon cœur la saveur pour les difficiles moments à venir…
Mais je craignais déjà un obstacle et il arriva
trop vite, alors qu’une voix hostile s’élevait.
« Maître Sh… »
Je sursaute intérieurement.
‘Maître’ ?
Un soupir naît en moi. Pourquoi étais-je différent
?
« Je t’ai entendu. »
Les yeux fermés, j’entendis la voix de mon
camarade formuler, en cessant de parler, une sorte de sifflement hostile. Apparemment,
cela devait lui écorcher les lèvres de devoir prononcer le mot ‘maître’ devant
mon nom, alors qu’on avait le même âge, et eu la même formation. Mais, depuis
que j’avais été nommé ‘Prêtre de la Vierge’, ces protocoles… ah.
« Hé, puisque vous êtes maintenant le ‘Prêtre de
la Vierge’ grâce au Grand Evêque du Ciel, vous pouvez au moins suivre ses
ordres ! »
Je pouvais sentir le mépris, la haine, la colère à
peine déguisée de mon compagnon. Et malgré tout, cela me blessa. Etais-je si
différent que cela, incapable d’être proche des autres ? Pourtant nous
partagions la même vie !
« Pourquoi me vouvoies-tu ? Tu ne l’as jamais fait
avant ! »
Un rire méprisant résonna, troublant la sérénité
du soir.
« Les choses ont changé, Prêtre de la Vierge ! »
Un dard, une blessure. Je suis trop différent.
J’aurais dû le savoir… mais je le savais déjà.
« Les choses n’ont pas changé… »
Une voix douce, douloureuse, presque amère. Est-ce
que c’est la mienne ? Oui, parce que je sens qu’il est parti, après m’avoir
attaqué. Brusquement, je quitte ma position de méditation, je me lève. Pourquoi
continuer, alors que mon cœur est blessé et que je ne peux pas l’empêcher de
saigner le sang de mes larmes jamais exprimées ?
« Vous ne m’avez jamais aimé. Voilà pourquoi… les
choses n’ont pas changé. »
…
Un peu plus tard…
Pièce principale du Temple.
…
« Shaka, tu es en
retard. »
« Si cela peut être excusé, Grand Evêque, je vous
en demande pardon. »
« C’est chose humaine… entre. »
Je pose mon regard bleu sur lui, comme pour sonder
ce quelque chose en son âme qui, en cet instant, le rend plus tolérant à mon
égard. Il sent la question que pose ma propre âme.
« Je n’ai pas pour habitude de passer les fautes…
mais pour l’instant, il y a quelque chose de plus urgent. Nous verrons plus
tard pour ta punition. Assieds-toi là, je vais t’expliquer. »
Je fermais doucement les yeux, mais le Grand
Evêque savait bien que c’était ma façon de sonder les battements de son cœur à
chacun de ses mots. Peut-être avais-je oublié depuis trop longtemps le sourire
d’un regard ami…
« Tu es maintenant Prêtre de la Vierge, ce qui te
donne désormais des responsabilités supplémentaires. Cependant, comme le
Conseil des Anciens l’a fait remarquer, si notre monastère a pu t’enseigner, ainsi
qu’à tes camarades, les disciplines fondamentales à un disciple de l’Eternel –
intellectuelles, occultes, martiales, médicales, spirituelles – il te manque un
enseignement qu’aucun de nous ne puit te donner ici, et qui te sera pourtant
indispensable : la connaissance des langues, des moyens de communication et des
outils du monde extérieur. C’est pourquoi nous avons décidé de t’envoyer au
cœur de la ville pour y recevoir cet apprentissage. »
« Et que devrais-je faire là-bas ? »
« Tu seras inscrit à une faculté où tu recevras
des cours d’anglais, de français et d’espagnol. Nous avons déjà prévu ton
logement. Non loin de là, il y aura un ‘contact’ que tu pourras joindre si tu
as un problème ou des hésitations, un des nôtres, bien entendu. Tu as compris ?
»
Le monde extérieur. Une faculté. Des cours de
langues. Non, je n’avais pas rêvé. J’allais quitter le monastère, ce lieu où
j’avais toujours vécu, enfermé, sans jamais vraiment connaître le monde
extérieur. Je connaissais mille secrets des techniques les plus secrètes
jalousement gardées par notre corporation, et pourtant, si bête cela put-il
paraître, je ne savais même pas prendre le train seul. Je ne l’avais encore
jamais fait.
« Tout ce que tu devras faire te sera expliqué, tu
n’as pas à t’embarrasser. Mais, je me permets de te rappeler quelque chose que
tu sais déjà. Quoiqu’il arrive, sauf cas de force majeure, ne montre pas… »
« …les techniques secrètes de notre communauté, je
le sais. »
« Tu connais le châtiment si cela devait arriver.
»
« Je le connais. »
Le Grand Evêque me sonda d’un œil perçant, comme
s’il cherchait la moindre faille en moi. Pourquoi me faisait-on peu si peu
confiance ? Qu’étais-je pour eux, pour que l’on me regarde de cette façon ?
« Une dernière chose, Prêtre de la Vierge. Tu sais
que des hommes impies ont découvert que notre retraite recèle les trésors de
nos techniques secrètes et se sont mis en chasse contre nous ? »
Mes yeux, qui s’étaient momentanément refermés,
s’ouvrirent soudainement.
« Comment ! »
« Tu m’as bien entendu. Des policiers ont été vus,
espionnant notre monastère… et ils s’approchent de plus. L’un d’entre eux, de
part son intelligence et sa force, est particulièrement redoutable. C’est lui
qui a trouvé notre retraite… »
« Que comptez-vous faire, Grand Evêque ? »
« Oh, nous avons réfléchi. Tant qu’il ne trouvera
pas la pièce secrète abritant l’Autel du Ciel, il n’y aura pas de problème.
Mais si jamais il devait – même si c’est fort improbable – le trouver, alors…
tu sais ce qu’il te reste à faire. C’est toi qui avais la garde de l’Autel,
n’est-ce pas ? »
Je savais bien ce qu’il voulait dire. Personne ne
devait approcher de ce lieu sacré, quiconque le tenterait… s’en verrait
dissuader, d’une façon ou d’une autre.
« J’ai confiance, Shaka,
même si tu n’en as pas l’air aux yeux du premier venu, tu connais bien les arts
de la guerre. Autant que ceux de l’esprit, dont tu es très évidemment doué. »
« N’est-ce justement pas le but de ces arts de
l’esprit et de la guerre que de ne pas lesutiliser
contre un être ? »
La tension monta de mon interlocuteur.
« Prêtre de la Vierge, tu ne comprends pas. Un
homme… osant profaner nos lois, nos secrets, notre lieu sacré… est un être
impie, car notre communauté ne vit que pour l’Eternel. Et seules deux
alternatives sont possible pour un être impie : la rédemption ou la mort. Shaka, je donne un ordre au nom du bien pour notre
communauté entière ; veux-tu le bien de notre communauté ou non ! »
« Ne vous fâchez pas. Je n’ai pas dit que je
refusais. Simplement qu’il me répugne d’utiliser ce que j’ai appris contre un
être ou une chose, car c’est aller à l’encontre de ses
qualités propres. »
L’homme parut se calmer.
« Je préfère entendre ça. »
« Voulez-vous me donner des renseignements sur cet
homme ? Cela m’aiderait. »
« Bien sûr. Le chef de la seconde chambre te
donnera un descriptif complet de cet homme… tu as intérêt à faire attention,
ajouta-t-il. Le ‘Phénix’ est réputé être un des meilleurs policiers qui soit… »
Je haussai les sourcils.
« ‘Phénix’ ? »
Déjà, un seul mot même semblait porter la promesse
de mystère sacré dont j’avais toujours secrètement rêvée…
…
Quelques jours plus tard.
Entrée du jardin menant au monastère.
…
Phénix.
Curieux surnom. Ou plutôt curieux nom, puisque c’était,
comme la fiche me l’avait appris, le nom de famille de ce dangereux agent qui
tenterait de percer le secret sacré de notre monastère. Phénix. Phénix…
Je posai doucement le long collier de perles sacré
que je nettoyais respectueusement. Se sentir empli de respect envers les choses
et les êtres était le signe d’un cœur vivant, d’une âme fleurissante vers la
Vie. Alors, pourquoi ne pouvais-je ressentir cela envers les êtres de ce
monastère ? Pourquoi ? N’étions-nous pas censés progresser ensemble sur le
chemin ? Etais-je trop différent ?
Phénix. Comme une litanie familière, ce nom
résonnait dans ma tête, comme s’il voulait me révéler quelque chose. Est-ce que
j’avais déjà connu quelqu’un portant ce nom ? Je ne m’en souvenais pas… Phénix,
un oiseau de feu s’envolant inlassablement vers le ciel, emportant avec lui,
les secrets merveilleux du cœur venus de la mort et de la vie dont il semblait
le plus proche compagnon. C’est un beau nom…
Le temps semble s’arrêter.
Est-ce une voix, que j’entends au loin ! Ici ?
Personne n’est censé se trouver ici ! Une voix…
une voix grave…
« Esmé-… Esméralda ! »
Je me tourne. Devant moi, déjà, le mystère d’un
homme est baigné de la lumière du jour, de ce jour béni où j’ai ce mystère-là
révéler, comme la deuxième moitié manquante de mon cœur, le secret de ma propre
âme…
Une lueur étrange brille dans les yeux d’en face.
Elle ressemble à la force d’une étoile qui veut
briller en pleine nuit, au brasier éternel d’un feu que le froid ravive
d’autant plus de son piquant. Il ressemble à une force que l’on ne peut
dompter, et curieusement, cela éveille quelque chose en moi.
Est-ce que je voudrais que mon âme soit un feu
aussi brûlant que le sien ?
Mais devant cette ardeur d’une profondeur
magnifique, je me sens devenir une rivière spirituelle, esprit de l’eau emplie
d’une étrange bienveillance…
Qui est-il pour éveiller cette fibre en moi ?
« Esméralda… non, c’est impossible… tu es… morte !
»
Je hausse légèrement les sourcils, sans pourtant
me faire agressif.
‘Esméralda’ ?
De toute évidence, il se trompe. ‘Esméralda’, si
je ne m’abuse, est un nom de femme, et, jusqu’à preuve du contraire, je suis un
homme (je sais que je n’ai pas toujours les pieds sur terre, mais il ne faut
rien exagérer tout de même !). Peut-être est-ce que mon allure est androgyne ?
Mes très longs cheveux blonds, ma carrure pas très volumineuse…
…mystère.
Lui-même semble mon exact opposé. Son allure est
carrée, tout son être irradie une force sauvage, dont la couleur indomptable
vibre dans le visage volontaire – trop pour son âge –, ses cheveux bleus en
bataille, ses yeux noisette presque sombre, sa voix rauque si grave.
« Non, continua-t-il avec cette même
détermination. Tu n’es pas Esméralda… »
Heureux de le savoir. (Je respecte beaucoup les
femmes, mais jusqu’à preuve du contraire, je suis un homme !)
« …je me suis laissé abuser par tes cheveux et tes
traits. Tu n’as pas la même expression… tu es beaucoup plus lointain. »
Là-haut, loin dans le ciel, les étoiles dessinent
une constellation plus brillante que les autres, à qui sait lire leur langage.
Quelque chose vibre en moi, lorsque je me rends compte que je pense à celle
d’un oiseau de feu toujours ressuscitant.
Qui… qui es-tu donc ? Serais-tu… !
« Que… cherches-tu ? »
C’est ma propre voix, légère de sonorité, qui parle
comme les rivières coulent, avec douceur et fermeté.
« Ce que je cherche ! Tu veux le savoir, ce que je
cherche, le moine ! »
Un brasier a répondu à la rivière ! Si je n’avais
déjà pas pressenti ta force dans la couleur de ton âme, si visible dans ton
attitude et ta voix, j’aurais sursauté. Mais je commence déjà à comprendre ton
âme, n’est-ce pas…
…Phénix ?
« Oui, il veut savoir ce que tu cherches, le
moine. Car il se trouve que tu te trouves chez lui, à moins que tu ne l’aies
pas remarqué… »
Un sourire empreint d’ironie apparaît sur son
visage.
« Eh bien, t’en a du répondant, pour un moine… ça
fait partie de votre formation au monastère ? »
« Qui sait ? En tout cas ce n’est pas inutile, au
vu des étrangers qui débarquent, comme… disons, toi ? »
Une lueur d’une détermination aigu, presque
mortelle, apparaît dans son regard.
« Très bien. Je vois que tu es décidé, toi aussi,
mais il y a des choses que je ne comprends pas encore… »
« Dis toujours. »
« Je vais pas tourner autour du pot, me lance-t-il
avec cette flamme ardente et charismatique si propre à son être. Pourquoi un
homme d’église comme toi soutient-il des meurtriers qui tirent leur prestige du
sang et de la terreur qu’ils inspirent ! »
Sous le choc, mes yeux auparavant fermés
s’ouvrent. Je l’avais regardé avant un instant, puis fermé les yeux, pour mieux
écouter les battements de son cœur, comme je le faisais avec chaque personne.
Mais à présent, mes yeux bleus bien ouverts le
fixaient, lui.
« Comment… »
Une colère sourde avait grondé en moi.
« …comment OSES-TU ! »
Mais lui s’était avancé fermement, sans jamais
détourner le regard, d’une allure droite et puissante qui semblait ne jamais le
quitter.
« J’ose parce que je le pense, le moine... »
« ‘Prêtre’, pas ‘moine’ ! Un peu de respect,
Phénix ! » je continue avec la même irritation
contenue, mais il ne fléchit pas. Etrangement, son regard ne se durcit pas,
comme on pourrait s’y attendre.
« Tu sais déjà qui je suis, c’est ça ! Je suppose
que tes maudits supérieurs t’ont déjà prévenus de mon arrivée… »
Décidément, celui-là… !
« Et ils ont eu raison, n’est-ce pas ! Vu ton
attitude… mais c’est toi-même qui va clarifier tes intentions. On m’a dit que
tu es venu fouiller l’Autel sacré du Ciel… est-ce la vérité ? Réponds ! »
Il se plante devant moi. Devant moi…
Devant moi, brille une splendide étoile de force
dans les yeux de mon adversaire. En secret, je prie pour ne pas avoir à
combattre, mais je sais déjà que l’on ne peut demander à un adversaire tel que
lui de ne pas se battre…
« Oui, le prêtre. Je suis venu fouiller ce que
vous appelez dans votre folie ‘Autel Sacré’, et percer à jour vos maudits
desseins qui ont déjà tué je ne sais combien de personnes… »
Il est devant moi, mais je ne songe plus à fermer
les yeux. Le combat approche, inévitable. Je profite de ces dernières secondes
pour graver dans ma mémoire cette force de vie… mais, il a agrippé mon bras !
Et son regard est presque suppliant d’incompréhension dans sa colère si digne !
« Prêtre, je ne te comprends pas ! Quelqu’un comme
toi… qui voit tant de choses… on sent ça, rien qu’à te voir ! Comment… comment
peux-tu soutenir ces… ces bandits qui tuent et méprisent sans pitié ! »
Lentement, je détache mon bras de sa main, si
calleuse, transmettant cette force étrange qui trouble mon cœur. Déjà mes pensées
se troublent, mais c’est une chose qui ne peut advenir pour ce que je dois
faire.
« Pars. »
Il bondit presque, voulant me regardant droit les
yeux. Mais je me tourne et ferme les miens.
« QUOI ! »
« Pars, Phénix. Je ne veux pas avoir à te
combattre. »
Inutile de dire que l’oiseau de feu se plante
devant moi, décidé à ne jamais me lâcher.
« Je suis venu ici pour une chose et je ne
repartirai pas sans. Tu m’as bien pigé, le moine ! »
Alors, je le fixe de nouveau, lui laissant voir la
couleur de mes yeux, le secret de son expression… car ce sera la dernière fois
si ce combat se poursuit jusqu’à la mort.
Et ce qui va advenir au vu de la force étincelant
de son regard, si fascinante pour moi.
« Quel dommage… tu ne veux donc pas comprendre. Je
voulais te laisser la vie sauve, mais de toute évidence… tu ne veux pas
renoncer. Tu t’es condamné, Phénix ! »
A l’instant où j’ai prononcé cette phrase, il a
compris aussi qu’il n’y avait pas d’issu, et il a bondi, près à se battre. Mon
esprit sent ses mouvements sans que mes yeux s’y arrêtent. Etant un policier,
je m’attends à ce qu’il sorte une arme… mais cela ne se produit pas. Digne à sa
réputation et à ce que je sais déjà de lui, il refuse de combattre de façon
inégale.
C’est le plus mauvais combat qui ait jamais été
annoncé sous les étoiles.
« Puisque c’est comme ça… ça ne m’amuse pas de me
battre contre un prêtre, mais tant pis ! » s’écrit-il.
Les astres ne sont pas favorables à ce conflit. En
moi, quelque chose crie le même désaccord que les astres. C’est le plus mauvais
combat qui va jamais avoir eu lieu…
Je n’aime pas ça. J’ai longuement étudié la magie,
mais ici aucun être, aucune chose, aucun esprit, aucune âme ne voudra accepter
cette… situation.
Toute mon âme même… la refuse !
« Illusion du Phénix ! »
Je sors comme d’un rêve. Cette fameuse attaque,
l’‘Illusion du Phénix’, une aiguille de poison appliquée directement sur
le front, créant des hallucinations liées au passé de la cible touchée ! Mais
je ne peux mourir encore ici, je n’ai encore jamais accompli toute ma vocation
spirituelle à laquelle j’aspire tant, depuis toujours, tandis que le premier
adversaire qui m’affronte a commencé à me la faire goûter dans la saveur de la
vie d’un jour…
Phénix… merci.
« Ahhhhhhh ! »
Un cri de douleur me perce le tympan, et le cœur
avec. Le monastère ayant été conçu contre les attaques, un des pièges s’est
actionné sur lui, lui faisant une blessure terrible à la jambe. Même un homme
de sa trempe et de sa force ne pourra résister à la substance empoisonnée qui a
pénétré son corps par les dards acérés du piège, se répandant à la vitesse de
la lumière.
« J-je… »
Comment, il parle encore ! Habituellement,
personne ne peut plus parler après avoir été atteint. Faut-il qu’il soit si
vaillant pour encore pouvoir articuler un mot ? Du coin de l’œil, je vois ses
membres trembler, dans l’expression d’une souffrance intense.
« J-je… dois… »
Est-ce que ce qu’il fait compte tant pour lui,
qu’il parvienne encore à y penser ! Une colère sourde et mêlée d’une tristesse
intense gronde en moi. La charité veut que je mette fin à ses jours,
maintenant, pour lui épargner ces atroces souffrances.
Mais je sais bien qu’une âme qui n’a pu accomplir
ce qu’elle a à faire ne pourra pas partir en paix…
« Ahhhh ! Mais, que
fais-tu, Phénix ! »
Il m’a agrippé la taille, me renversant presque !
« S-si… j-je dois… m-mourir… j-je vais faire… en s-sorte
q-que… les autres c-continuent
la m-mission… et d-donc, tu
d-dois… v-venir avec m-moi…
p-pour les l-laisser… p-passer… »
D’un geste saccadé, une lame à la main, il ouvre
la peau de mon bras, avant de prendre de son propre sang où le poison lui a été
inoculé, et de le mélanger au mien…
« Arrête ! »
Le fou ! Il veut se suicider avec moi, en
m’empoisonnant avec !
« ARRÊTE ! Quel est donc l’intérêt de se battre ainsi…
d’une façon si désespérée… si on doit en mourir ! Ça n’a pas de sens ! »
Un léger sourire – les mouvements deviennent
difficiles avec le poison se répandant dans le corps – apparaît sur son visage
aux traits carrés.
« J-je pensais… que tu… me c-comprendrais,
le... le p-prêtre… »
L’espace d’un instant, magique, je vois briller de
douceur son regard noisette.
« P-pourquoi… » commence-t-il d’un souffle de plus en plus rauque.
Je ne songe plus à ses mains posées sur mon corps…
qui est-il, celui que je n’arrive pas à comprendre jusque dans la mort ?
« Pourquoi… quoi ! »
Une lueur étrangement douce brille sur son visage
habituellement dur.
« …p-pourquoi fermes-tu…
des yeux si… étonnants ? »
Saisi, je sursaute, tandis qu’il sombre dans
l’inconscience. Et dans mes bras !
J’ai donc voulu…
…le retenir !
Il se donne la mort, il veut m’y entraîner, et… et
moi, je veux l’empêcher de se faire mal ! Sans plus rien comprendre en moi, je
fixe le corps inconscient, sentant sa chaleur brûler en moi.
« Phénix… tu… tu n’aurais pas dû… »
Je ferme les yeux, mais déjà ils s’ouvrent
d’eux-mêmes pour contempler un visage criant d’une vérité que mon cœur refuse
d’ignorer.
« …tu n’aurais pas dû me dire des paroles que je
peux oublier, Phénix. Tu…tu… »
Tu n’aurais pas dû voir mes yeux et leur secret…
Je voulais n’en avoir aucun pour le Divin et voilà qu’ils ont vécu
dans le cœur d’un homme, ces secrets, aussi brillants que le mystère de la Vie
révélé. Je voulais voir les forces sacrées de l’Univers et je les ai vus vivre
en toi, comme un brasier de vie que jamais, plus jamais, je ne voudrais
oublier.
« Phénix… toi et moi, nous sommes condamnés, tu le
sais. Mais pas de la façon dont tu le penses… »
Tu n’aurais pas dû voir mon cœur...
Car maintenant, lorsque je désirerai vivre les
mystères de l’Esprit et les forces de la Vie, je désirerai aussi les sentir en
toi. Toi mon adversaire, toi celui que je devais combattre, c’est toi qui a
rencontré mon âme, et il a fallu que tu touches la mienne.
« Phénix… si je te disais ce que je voyais au bout
de ce combat qui ne fait que commencer, aurais-tu peur ? » je murmure.
Etonnant adversaire, tu ne m’as pas assez injecté
de poison pour que je meure (si tant est que ma quête serait morte avec ma
disparition). Les astres racontent que nous allons encore nous combattre, mais
j’ai presque peur des sentiments qui m’habiteront quand je te ferais face ; car
même si tu mourais, je te reverrais certainement vivre dans un autre visage,
n’est-ce pas ?
Mais un Phénix ne peut mourir.
Tout cela…
…n’est que le commencement, Phénix…
Mais c’est toi
qui me raconteras la fin, étonnant adversaire.
A suivre
*