Merci Futae et Eagle Eclypse ! (Et aussi à tous
ceux qui ont lu sans reviewer, s'ils
en a !) Comme promis un Phénix explosif "à l'insolence pimentée
d'intelligence" ! Fan d'Ikki, voilà un chapitre
pour vous !
Mon étonnant adversaire
par Lord Ma-koto Chaoying
Chapitre 2: Tout feu, tout flamme, Phénix!
(Chambre d’hôpital…)
Aïeeeeeuuuuhhh!
Voilà le mot qui décrirait UN PEU à quoi ressemble
ma situation. Rien qu’UN PEU, bien sûr…
Aïe aïe aïe aïeeeeeuuuuhhh!
…okay, un peu beaucoup.
« Monsieur Phénix ! Bon sang, allez-vous rester un
peu TRANQUILLE ! Vous êtes gravement blessé, vous savez ! »
Je fixe l’infirmière avec des yeux ronds comme si
elle venait de m’apprendre une vérité existentielle.
« Naaaaannn VOUS CROYEZ!
A moins que votre hôpital soigne les rhumes, je me demande pourquoi je suis là…
»
Mon ton goguenard semble l’exaspérer, mais son
sourire en coin ne m’échappe pas.
« Vous êtes aussi insupportable qu’un enfant,
monsieur Phénix. Ne savez-vous donc pas qu’un rhume peut être le symptôme d’un
état critique ? »
« Alors, tout va bien pour moi, puisque j’éternue
pas… »
Cette fois, elle ne peut s’empêcher de rire
franchement, avant d’arborer une mine plus soucieuse.
« Plus sérieusement, vous devriez faire attention.
Je ne voudrais pas, un jour, vous voir mourir dans un de nos lits… »
« Oui, moi non plus. »
« Je ne plaisante pas, jeune homme. La vie est une
chose trop précieuse pour que l’on puisse la négliger… »
Je plante mon regard dans le sien.
« C’est bien pour cela que je ne mourrai pas avant
d’avoir accompli ma tâche. Et que je reviendrais d’entre les morts si cela
arrivait. »
Elle me jauge, de ses yeux acérés habitués à
déceler chaque faiblesse chez un patient. Puis, étrangement, elle sourit.
« Vous portez assez bien votre nom de Phénix… être
aussi déterminé à votre âge… c’est bien. Mais, si je peux me permettre… »
Personne ne saura jamais ce qu’avait voulu se
permettre l’infirmière, car la porte s’ouvre à la volée et…
« IKKI ! Mon frèèèèèèèèèèèèèrrreeee
! »
…et une tornade nébulaire
me renverse sur le lit. Je suffoque dans des bras fins et une masse de cheveux
verts.
« ….argh…. r-respirer…gaaah… »
Au grand dam de l’infirmière qui essaye de calmer
un petit frère déchaîné, je me relève et repositionne mon fardeau pour mieux
respirer, tout en le gardant dans mes bras.
« Shun… du calme, je
vais bien. Ne pleure pas… »
« Snif… »
«Quoi, comment ÇA, ‘snif’! Non, nan, nan pas çaaaaaa ! »
Mais c’est trop tard, parce que…
« OUUUIIINNN ! »
Un déluge de larmes tombe sur moi. Rah, nan, nan, TOUT sauf ÇA! Que les aliens
nous envahissent, que je doive mourir fusillé dans ma prochaine mission, que
mon chef me fasse décapiter pour non-respect des consignes, mais PAS ÇA ! Pas
mon frère qui pleure !
« Shun… merde… »
PERSONNE fait pleurer mon petit frère ! PERSONNE ! Je vais lui casser la
figure à CELUI qui a osé faire ça !
« Merde merde merde merde merdeeeuuhhhh
fait chiieeeeeerrrr ! » je jure, sans remarquer l’air
épouvanté de l’infirmière devant mon langage délicat, alors que je prends le
visage de mon petit frère en essuyant ses larmes. « Shun,
DIS-MOI QUI A FAIT ÇA ! Je vais lui LATTER la TRONCHE ! »
« Ah-hem… »
C’est l’infirmière qui tousse, visiblement partagé
entre choc et amusement.
« QUOI ENCORE ! M’occuper de mon frère est contre-indiqué
pour ma santé ? »
« Surtout quand l’on sait que c’est à cause de
votre état qu’il pleure, et que vous en êtes responsable, oui, je dirais… car
selon vos dires, vous vous êtes promis de vous taper vous-même, pour parler
dans un langage quelque peu plus châtié. »
Je m’étouffe en entendant ces paroles et grogne
une série de jurons beaux à faire pâlir les profs de français. Pourquoi MOI !
« Donnez-moi une SEULE bonne raison de ne PAS me suiciderdans ce monde de c(bip!)
!»
«Grand Dieu ! Quel langage ! Vous devriez vraiment
le soigner… » fait la femme en levant les bras,
faussement épouvantée.
«…et aussi me faire soigner, je parie ? »je complète, goguenard. « J’appelle pas ça une raison de pas
se suicider, moi. »
« Si vous continuez comme ça, monsieur Phénix, je
vous administre un calmant. »
«…»
« Voilà qui est mieux. »
Je grommelle doucement pendant qu’elle arrange des
appareils autour de mon lit.
« Maudite soit la tyrannie des docteurs… »
« Je vous ai entendu, monsieur Phénix ! »
« Je disais : ‘L’audit doit littéralement des
dealers‘. »
« Je vous connaissais meilleur en excuses
pathétiques. Et je ne suis pas docteur, s’il vous plaît, mais infirmière. »
Etonnamment, ces paroles me font sourire. Elles me
rappellent… celles d’un autre.
« Tiens, c’est marrant. Ça fait la deuxième fois
que quelqu’un me reprend comme ça… »
Shun arrête de se blottir contre moi et me regarde de ses yeux
émeraude innocents.
« Hé, c’est qui, grand frèèèère
? Ça doit être quelqu’un hyper spécial, pour que tu t’en souviennes ! »
« Kess te fait dire ça ?
»
« Ben, Ikki, t’as l’air
tout bizarre ! »
« Comment ça, j’ai l’air tout bizarre ! » je
m’échauffe avec ma rudesse habituelle.
« Te fâche pas, grand frère ! » rit-il en jouant
avec mes cheveux. « J’veux dire, depuis que tu parles de lui ou d’elle, tes
yeux, ils sont pas pareils. Tes traits aussi, ils sont
pas pareils. Puis ton expression, elle est pas
pareille. Puis…»
«…puis pendant que j’y suis, mes doigts de pied
aussi, ils sont pas pareils ? »
« Ça, je sais pas, la couverture cache tes pieds.
Mais tes mains, par contre…»
« C’est bon, c’est bon, j’ai pigé ! »
Avec un petit sourire en coin, Shun
jette un coup d’œil complice à l’infirmière. Je suis victime d’un complot
mondial contre moi. Maudite soit la tyrannie des petits frères et des
infirmières.
« Grand frère, tu me le présenteras ? Pleeaaasssse ! »
Dring! Dring! Driiiinnggg!
Enfin quelqu’un qui n’est pas contre moi! Merci
Antigone, mon très cher portable.
« Allô ? » je décroche.
« Phénix ? »
La voix de mon chef !
« Ikki du Phénix au
téléphone, capitaine. Enfin, vous devez vous en douter, puisque c’est mon
numéro de portable que vous appelez… »
« Comment tu vas ? »
« Je tiens le coup. J’devrais être en forme pour
aujourd’hui. »
« Tant mieux, parce je suis pas content du tout,
et que tu vas t’en prendre une. »
Oh-ho, je crois que c’est parti un sermon…
« Allez-y, même si je sais ce que vous allez dire…
»
« T’es vraiment une foutue tête de mule. T’avais
vraiment besoin d’aller aussi loin et de te jeter tout seul dans la bataille
comme ça? Tu pouvais très bien AU MOINS attendre des renforts ! »
« Non, je pouvais pas les attendre ! Les gars d’la secte de la Voie du Ciel allaient lancer leur
opération de ‘et que j'te ratisse des gamins dans les
rues !’ J’attendais un peu plus, et ils faisaient vous savez quoi, merde ! »
« Ikki, calme-toi. »
« Comment ça, que je me calme ! Vous me dites ça,
à MOI ! Merde, en plus, ils ont rembarré leur autel de merde avant qu’on puisse
le leur ratisser, Julian me l’a dit, et vous le savez très bien ! Avec ces
docs, on aurait très bien pu les coincer et les empêcher de faire leurs trucs à
la con avec tous ces gamins ! Et on rate, tout ça parce qu’un règlement à la
con chez nous interdit les entreprises en solo ! »
« Ikki, tu vas trop
loin. » résonne la voix calme de mon chef.
« Merde, capitaine ! Ils EMBRIGADENT les gamins ! Je peux pas les blairer ! J’étais sur le point de les
coincer, il me manquait JUSTE ces documents secrets ‘La Voie du Ciel’où ils racontent sous leur système de merde ! J’allais
réussir, et… »
«AGENT PHENIX! »
Je reste sans mot, surpris. Quand le boss
m’appelle comme ça, c’est que soit il est très sérieux, soit il
est vraiment pas content contre moi. Merde de merde ! Il pige que dalle
à ce que je raconte ou quoi !
« Bien, tu commence à devenir un peu plus
raisonnable. Agent Phénix, vous avez par quatre fois violé
le règlement et je me vois contraint d’appliquer la sanction qui convient à
votre égard. »
« Mais… »
« SILENCE ! Depuis quand réplique-t-on à un
supérieur, agent n° 7 ? Non content de faire cavalier seul, tu as pénétré en
territoire ennemi sans en aviser tes supérieurs. En agissant ainsi, tu as
risqué ta vie de façon inconsidérée et tu as délaissé ton équipe. Tu as
délibérément agi sous initiative personnelle et tu sais que le règlement
l’interdit. »
« … »
« En conséquence, tu es interdit de mission
jusqu’à nouvel ordre. »
Je bondis jusqu’au plafond.
« QUOI ! »
J’m’attendais pas à ça ! D’accord, dans le passé, j’avais déjà reçu des
punitions, mais jamais…!
« Et tes Armes Spécifiques te sont retirées selon
la volonté du Conseil. »
Alors là, c’est TROP ! Comment… mes Armes-Spé ! On me les retire!
« … »
Je reste sans voix, sous le choc. Devant moi,
l’infirmière et mon petit frère reste silencieux, en voyant la drôle de tête
que je tire. Jamais encore… se faire retirer ses Armes-Spé
signifie la plus grande dégradation possible. Il est presque impossible de
tomber plus bas. Se faire radier de l’Ordre du Lion (le nom de l’organisation
policière à laquelle appartient notre unité) est à peine pire. La voix de mon
chef devient plus douce, comme s’il comprenait mon choc.
« Ne t’inquiète pas, Ikki.
Je ne pense pas que ce soit définitif… »
« Il vaudrait mieux. Car… que ferais-je, sans
elles? Que ferais-je, sans… cette vie-là?» dis-je d’un ton ému. «Vous savez
très bien, capitaine, que je ne vivrai pas sans ça. Je n’existe pas sans ce but
à atteindre. »
« Tu es trop passionné, trop ardent, Ikki ! Tu as besoin de prendre du recul, je crois que c’est
ce que le Conseil a voulu. Je crois que te tenir à l’écart de l’Ordre t’aidera
à comprendre ce que tu aimes vraiment dedans, et même en général. Car si tu
étais vraiment sûr de toi, est-ce que tu risquerais ta vie comme ça sans
réfléchir ? »
« … »
« On aurait dit que tu voulais mourir. Comprends
alors que l’Ordre du Lion n’a pas besoin d’un agent qui veut se suicider. »
« Je veux pas forcément me tuer ! »
« Mais un peu, quand même. C’est l’impression que
tu donnes. Ecoute, tu es jeune, tu as vingt ans à peine… »
« Dix-neuf. »
« Raison de plus. Tu vas bientôt entrer en fac, tu
as des études à faire, une vie à mener. Ne jette pas tout à la fenêtre juste
sur un coup de tête. »
« Vous suggérez que j’abandonne tout ? » je
m’enflamme.
« Non, pas du tout. Tu as vraiment envie de
réaliser quelque chose et c’est tout à ton honneur. Mais si tu continues comme
ça, tu ne finiras jamais ce que tu as commencé. Même un phénix ne peut renaître
de ses cendres s’il ne cultive pas son feu sacré. »
Je baisse la tête, atterré. Le boss a raison. Et
pourtant, c’est dur à avaler.
« Ecoute, entre nous, je ne pense pas que le
Conseil fera détruire tes Armes-Spé ou t’en privera à
jamais. Pour la bonne raison que… »
« Pour la bonne raison que quoi ? »
Pour la première fois, il me semble que mon chef
sourit.
« Eh bien, qu’une seule personne a réussi à
maîtriser les ‘Larmes du Phénix’ jusqu’à ce jour et que c’est toi, justement. »
« Je vois pas à quoi ça m’avance. Si je les ai pas, je pourrais protéger personne…même pas moi,
d’ailleurs. »
« Allons, je te croyais intelligent, loup
solitaire. L’Ordre ne va se priver d’un élément qui a réussi à maîtriser une
des Armes-Spé les plus capricieuses qui soient.
Bizarre comme les Armes-Spé ont en commun des traits
de caractère avec leur détenteur…»
« Capitaine ! »
« Je plaisante, calmos ! Ce que je veux dire,
c’est qu’ils pensent, là-haut, que tu en vaux la peine, qu’on te punisse. Tu crois pas ? »
Plus tard, j’ai appris la vérité. La vérité sur ce
qu’on pensait et disait de moi, tant parmi mes collègues, des apprentis de même
grade que moi, que parmi mes supérieurs, jusqu’au plus haut placé de nos chefs.
J’ai su la vérité de ma solitude, la haine de tant de mes confrères, la
violence de certains de mes supérieurs. Je n’ai jamais oublié les coups de
fouets de Tatsumi, le Capitaine-en-chef,
qui ne m’avait pas pardonné de l’avoir empêché avec ardeur d’envoyer mon petit
frère à « l’Île de la Mort », l’endroit où on reçoit la formation qui apprend à
utiliser les Armes-Spé du Phénix. Je n’ai jamais oublié
les coups de mon maître, qui a oublié jusqu’à sa
propre fille et ma propre humanité. Je n’ai jamais oublié l’enfer.
Je suis devenu fou après cette expérience. J’avais
fini par maîtriser les Larmes du Phénix, mais j’avais abandonné mon âme. Je
voulais détruire tout ce qui avait trait à l’Ordre du Lion, à mon passé, tout.
J’ai failli tuer mon petit frère dans ma haine, et aujourd’hui, quand j’y
repense, ma honte est sans limite.
Pourquoi ?
Comment ce meurtrier en moi avait-il pu vouloir
une chose pareille, alors que je m’étais juré de protéger les miens ?
Aujourd’hui, j’ai enfin la réponse.
Shaka, tous deux, nous avions connu la mort, toi au paradis, moi
en enfer. Tandis que tu souffrais immensément dans un univers froid et hostile
qui ne voulait pas de ton âme céleste, j’avais décidé de partager la mort de la
mienne avec ce monde hypocrite de vertu. Je voulais que le monde meure comme
j’étais mort, mais quand je t’ai vu, ce jour-là, sous les pruniers en fleurs du
monastère, je n’ai pas pu t’attaquer avec la mort que je transportais jadis au
fond de moi. Il y avait dans tout ton être la tristesse qu’on ressent toujours
devant la mort d’un monde magnifique, malgré ton orgueil, malgré ta solitude.
Et quand j’ai vu, l’espace d’un instant, tes étonnants yeux azur avec la
couleur magique de la tristesse, j’ai compris que pas plus que moi, tu n’étais
fait pour être ce que tu avais dû devenir.
Tu aurais dû être un ange de l’univers et moi un
phénix de la vie. A toi comme à moi, on avait brûlé les ailes. Aucun ange et
aucun phénix ne peut vivre sans poursuivre dans leur envol leur rêve…
‘Etonnant adversaire’, c’est comme cela que tu
m’avais appelé. Aujourd’hui, je comprends pourquoi notre rivalité était si
précieuse.
Car elle était le symbole de notre renaissance.
«Grand frère, ça va ? »
Mon petit frère me fixe avec des yeux inquiets,
très inquiets. Je passe une main calleuse dans ses cheveux.
« T’inquiète, Shun… »
Je finis l’histoire. Après ma formation à l’Île de
la Mort, en enfer, je m’étais mis à attaquer l’Ordre du Lion, ainsi que mon
frère et ses amis. Après beaucoup de dégâts, des membres spécialisés de l’Ordre
ont été envoyés pour m’arrêter, moi, particulièrement. Ils m’ont tendus une
embuscade et ont fini par m’avoir, après moult batailles et un piège habilement
tendu. Je n’avais pas compris à l’époque pourquoi ils ne m’ont pas tué. Ils en
avaient le pouvoir. Au lieu de ça, ils m’ont repris en main et un Capitaine a
été chargé de me remettre sur le droit chemin. D’ailleurs, seul lui, ceux qui
m’ont attrapés, et les plus haut supérieurs savent que j’ai un casier
judiciaire et connaissent mon passé. Mes camarades ignorent tout de cela, même
s’ils avaient de forts soupçons et me détestaient.
Plus tard, j’ai enfin appris de leur bouche qu’on me
considérait comme l’apprenti policier le plus fort qui ait
jamais mis les pieds dans l’Ordre du Lion. Que j’excellais dans presque toutes
les disciplines, que je surclassais largement n’importe quel autre apprenti et
que j’arrivais même à faire face aux plus forts des adversaires que nous
rencontrions. Je me battais bien, avec habileté, je faisais face aux problèmes
et aux affrontements avec une intelligence aigue, pratique, une détermination
sans faille car animée par un désir profond. Ce qui a étonné le plus était ma
capacité à utiliser les Légendaires Armes-Spé
qu’étaient les ‘Larmes du Phénix’, et le don que j’avais de toujours
‘ressusciter’, tant dans mon corps que dans mon esprit, après des coups qui
auraient dû m’achever. C’est à cause de cela qu’on m’a appelé ‘Phénix’. Je ne
me souviens plus de mon vrai nom et celui-ce me convient parfaitement.
« Loup solitaire, je ne t’entends plus depuis une
bonne minute. Ça va ? »
« Oui, oui, capitaine… j’ai du mal à digérer ça,
mais bon…bah, après tout, au moins je vais pouvoir consacrer plus de temps aux
devoirs. Mes profs se plaignaient que je faisais
jamais mes devoirs et que je séchais les cours tout le temps… »
« Tu étudies quoi ? »
« Les langues. A la fac.D’ailleurs,
je vais bientôt devoir y aller, j’ai cours… »
Manière pas très raffinée de dire que j’ai envie
d’être seul, mais au moins ça aura le mérite d’être vrai.
« Ikki. »
« Oui ? »
« Prends soin de toi. Ne fais pas de bêtises, okay ? Je suis sûr que tout se passera bien…»
« Si vous le dites… »
Quelques secondes plus tard, j’avais raccroché
Antigone, mon portable. Devant moi, soucieux, l’infirmière et Shun me regardaient.
« Grand frère… il se passe quoi ? »
Je pose mes yeux sur ce visage innocent, pur dans
son inquiétude. Je souris.
« Ça veut dire, p’tit
frère, que je vais pouvoir aller à ton concert de violon après les cours
aujourd’hui ! »
(Fac…)
Bah, au moins, j’aurais du
temps libre pour travailler un peu plus mes langues et m’intéresser aux
activités que proposent la fac… j’ai cru voir dans une brochure qu’il y avait
des cours de karaté. De quoi me défoulerau pire… mais
je peux m’empêcher de soupirer. C’est vraiment pathétique. Voilà l’agent n° 7, Ikki du Phénix, de la division n°6 de l’Ordre du Lion,
réduit à devoir s’intéresser à des trucs d’étudiants parce qu’on lui a retiré
ses Armes-Spé et sa Tenue de membre de la police!
(L’habit spécifique dont je vous expliquerai un jour les caractéristiques et
l’utilité) Officiellement, j’ai même plus le droit d’intervenir pour protéger
les civils en cas d’agression. Et si encore, ça avait été que la Tenue, mais
j’ai même plus mes Armes-Spé, qui font au moins 80 de
ma force. Je ne peux plus qu’utiliser que mes poings, et même si je suis pas
mauvais avec, je me vois mal faire face à des agresseurs armés…
Foutu Conseil !
« Merde ! Ça craint ! J’me suis gourré d’étage ! »
Stupide fac qui fait des étages identiques les uns
des autres… d’autres élèves me regardent, perplexes devant mon exclamation et
peut-être mon allure un peu intimidante. Julian, un collègue plus sympa que les
autres de ma division (la n° 6 dans l’Ordre), assure que j’ai un look et une
expression enflammée à faire peur au premier venu. Je savais
pas que j’étais aussi impressionnant… enfin, en général, à la fac, en dépit de
mes tendances ‘loup solitaire’, les élèves et les profs m’apprécient assez. Ça
fait plaisir, malgré tout, je dois avouer.
« Hé, toi, là ! »
Le ‘toi, là’ sursaute, un peu inquiet devant moi.
« O-oui… »
« Tu peux me dire où t’as trouvé ton emploi du
temps ? »
« J-je… »
Je m’impatiente devant son hésitation.
« Bon sang, je vais pas te manger! Je te demande
JUSTE où tu as trouvé ton emploi du temps ! »
Une voix familière résonne.
« Arrête de terroriser les élèves, le Phénix ! Tu
vas finir par finir t’y brûler les ailes… »
Aujourd’hui, jour des mines goguenardes.
« Très drôle… tu fous quoi exactement ici, Julian
? »
Un petit gars avec des cheveux brun court et au
regard empli d’intelligence apparaît devant. Julian est un collègue de ma
division, un membre de l’Ordre du Lion réputé pour sa nature consciencieuse et
disciplinée. Autant dire mon opposé. Pas exceptionnellement doué en combat,
mais son intelligence emplie de sang-froid sont un atout précieux pour l’Ordre.
C’est le seul que je tolère dans mon périmètre. Ce qui ne m’empêche pas de lui
parler avec ma ‘délicatesse habituelle’, mais il a l’habitude et ne s’en
offense jamais.
« Ben, moi qui pensais que tu serais content de me
voir dans ta classe, Riq-Ikki…»
« M’appelle pas comme ça ! Et accouche, j’vais être à la bourre ! »
Son expression amusée laisse place à une mine très
sérieuse. Il se penche à mon oreille et souffle quelques mots à voix très basse
pour que seul moi l’entende.
« Ikki, il se passe quoi
? »
Je l’entraîne dans un coin tranquille pour parler.
« On m’a retiré Andro et
Esmé… »
Julian a l’air grave.
« Tes Armes-Spé ? »
Je hoche la tête. Andro
et Esmé – de leur nom complet Andromède et Esméralda,
inspiré des deux êtres dont je suis le plus proche –, sont mes fameux pistolets
à feu et à influence psychique, aussi puissants que difficiles à manier.
« …et je suis interdit de mission. Mais je pense
que tu le sais, sinon tu serais pas là, non ? »
Le petit gars fait une mine un peu sombre.
« En fait, on me l’avait dit, mais je voulais
l’entendre de ta bouche… »
« Et toi ? Tu es sur une mission en ce moment ? »
Julian a une expression un peu embarrassée.
« En quelque sorte… »
« Comment ça, en quelque sorte ? »
« C’est que… elle a un rapport avec toi. »
Je sens que mon mal de crâne va devenir immense.
« Explique-toi ! »
« Tu sais, le Conseil a beaucoup parlé de ton cas.
Et en fait… ils ont trouvé que tu étais beaucoup trop indépendant et que cela
te rendait dangereux, tant pour les autres que pour toi. Donc ils ont décidé de
t’enlever tes Armes-Spé jusqu’à ce que tu deviennes
plus raisonnable, mais, connaissant ton caractère rebelle, ils ont eu peur que
tu fasses quand même une connerie. »
« Donc ils t’ont chargé de me surveiller. »
« Exact. »
La colère gronde en moi.
« En gros, ils attendent que je devienne un petit
chien-chien bien obéissant prêt à faire leur quatre volontés. Et ils ont fait
de toi mon mouchard. »
« Calmos, Phénix. Je reconnais que ça doit pas être facile, mais comprends leur point de vue. »
« Merde, je déteste quand on s’ingère dans ma vie !
Et tu sais ça, toi, pourtant ! »
« Sauf que c’est ma mission de garder un œil sur
toi et de t’empêcher, par la force si besoin est, de faire quelque chose
d’inconsidéré. Et tu es peut-être fort, mais sans tes Armes-Spé,
je n’aurais aucun mal à te maîtriser, vu que moi, j’ai les miennes. »
Mon ton devient hargneux.
« Méfie-toi, un jour je pourrais te les dérober en
douce et utiliser si bien mes poings, que tu verrais que, Armes-Spé
ou pas… »
« Ce n’est pas ton genre. »
Je soupire. Il a raison, je ne pourrais pas faire
ça.
« Julian, dis-moi… en mettant à part le fait que
c’est ta mission… est-ce que tu penses qu’elle est justifiée ? »
L’espace d’un instant, son regard calme vacille.
«Oui, je le pense, Ikki.»
articule-t-il lentement.
« Dans ce cas, je réplique avec beaucoup de
politesse, va au diable. »
Il hoche la tête avec tristesse, avant de
disparaître derrière un bâtiment. Alors seulement, je me mets à jurer.
« Merde de merde…»
Je reste seul, avec une colère qui gronde au fond
de moi, que je comprends si mal et trop bien. Toujours la même, cette colère
qui me pousse à me dépasser pour trouver autre chose, mais aussi qui peut
m’emporter dans sa destruction. Ma colère… elle devient cette rage, cette envie
de détruire. Non… pourquoi, pourquoi encore?
Je commence à trop bien le savoir…
Je ne peux pas supporter d’être… que quiconque… ou
quoi que ce soit… m’empêche de devenir ce que je suis fait pour être ! Non…
jamais, tant que je vivrai… quand je serai mort… jamais ! Jamais !
Jamais je ne renoncerai à… ma raison d’être !
« C’est donc… si important pour toi ? »
Je sursaute avec violence.
Cette… voix ! C’est… c’est...
«Toi ! Ici !»
Un rayon de lumière illumine une silhouette
longue, à la cascade de cheveux dorés. Il illumine la grandeur splendide de
l’esprit qui semble voir dans les âmes pour les guérir.
« … »
Il ne dit rien.
Mais tout parle en lui, et je comprends
soudainement, sans jamais avoir eu besoin qu’on me l’enseigne, son langage sans
mots. Car…
«…»
Ses yeux
étonnants sont ouverts.
A suivre…
*
Chapitre
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