Notes (de Ma-chan) : Lord Ma ayant créé de la musique
correspondant à ces fics, je mets le liens ici : LLMP3\Coeur
de Chevalier (Musique Lord Ma-koto Chaoying).mp3 et LLMP3\La
Legende d'une Vie (Musique Lord Ma-koto
Chaoying).mp3. Je rappelle : DO NOT STEAL !! En gros : c’est à Lord Ma,
celui qui lui vole… Passera un très mauvais quart d’heure. Parole de Ma-chan. Il
n’empêche que si c’est juste pour écouter, allez-y, c’est là pour ça^^
Le
Rouge et le Vert
By Lord Ma-koto Chaoying
(Ville de Caelin)
Il ne riait jamais.
Il avait grandi avec le regard porté sur la lance,
qui avait le pouvoir d’enlever la vie et la mort, et jusqu’à son dernier souffle,
il regarderait sans rire la vie ou la mort ne jamais être vraiment sauvée. Car
s’il gagnait, sa victoire était teintée de l’amertume de ses adversaires. S’il
perdait, sa défaite entraînait la perte de ceux qu’ils servaient.
Guerriers et guerrière,
Un chevalier dort en toi.
C’est ton âme qui marche vers l’univers
Lorsque tu cherches et trouves le trésor de ton
cœur
Où brille la communion du monde.
Il avait mis bien plus que son âme au service de
la vertu de la chevalerie, ayant espéré de toutes ses forces qu’elle lui
apporterait la plus grande chose que pourrait désirer un guerrier ou une
guerrière – ou même un être humain ! ; le pouvoir de
contempler la plus grande histoire de bravoure et de noblesse transcender ce
monde, en y ayant donné tout son cœur, tout son corps, tout son âme. Le pouvoir
de faire partie d’une histoire, qui aurait le pouvoir de rassembler les cœurs
de la terre et du ciel en un miracle qu’on ne peut respecter qu’en son cœur.
N’ai-je jamais assez rêvé de ce temps,
D’un monde où s’étend l’Eternité de mon Amour
Brillant de justice et de compassion ?
Mais ce miracle n’était jamais entré en lui.
Maintenant, il lui fallait l’admettre ; s’il avait passé dix ans à combattre,
quinze à apprendre l’art de la guerre – il en avait à présent vingt-deux –,
cela avait été dix ou quinze ans de gâchés.
Pourtant Kent était extrêmement compétent.
Chevalier jadis au service du marquis de Caelin, à
présent de Lady Lyndis, héritière de Lord Hausen, il était doué pour les armes, particulièrement
l’épée ou la lance, et un excellent cavalier. C’était
d’ailleurs à cheval, et avec sa lance, qu’il combattait. En compagnie de son
éternel compagnon et frère d’arme, son opposé en pratiquement tout, à
l’exception de la vocation, et qui...
"Oh ! Kent ! Devinez quelle joyeuse nouvelle
j’ai donc là pour vous !"
…et qui venait d’arriver.
"Eh bien… vous ne souriez pas ?"
Question stupide. Kent, le « Bouclier Rouge », ne
souriait jamais, ou disons, pour être honnête, à peine plus qu’il riait.
Son compagnon le savait très bien, et c’était bien pour ça qu’il avait dit ça.
Le dernier sourire du chevalier à l’armure rouge remontait à des lustres.
"Y aurait-il une raison de sourire dans un
monde tel que le nôtre ?"
Sa voix était grave, comme à l’ordinaire.
Peut-être plus encore qu’à l’ordinaire. Son compagnon soupira. Depuis treize
ans qu’ils étaient ensemble, c’était son lot…
"Oh ! Vous êtes ennuyeux, Kent !"
"Je n’ai pas pour mission de vous divertir, Saïn, me semble-t-il…"
L’intéressé en question eut un soupir plus forcé
encore.
"Eh bien, heureusement, moi, que je m’en
occupe pour vous !!"
"Et nous savons tous les deux quels résultats
cela a donné, n’est-ce pas ?"
Rien ne pouvait altérer l’enthousiasme de Saïn. Car la froide ironie de son ami était un défi qui piquait
encore plus son chemin vers l’enthousiasme.
"Oui, grâce à moi, cher frère d’arme, vous
n’êtes pas encore mort de sérieux !"
Ce serait difficile avec vous, fut la pensée de Kent. Au lieu de quoi, il dit d’un ton
plat…
"Ce n’est pas de sérieux que je suis mort, Saïn, lorsque vous avez parcouru toutes les tentes des
soldats pour m’offrir mon cadeau d’anniversaire, lequel consistait en une
dizaine de rendez-vous amoureux avec des femmes que je ne connaissais même
pas."
Son compagnon ne cacha même pas son laaaaaarrrrrge sourire.
"Mais j’ai pensé que cela vous ferait
plaisir, Kent !"
"Alors, c’est que l’état de votre stupidité a
dépassé la phase terminale."
"Kent !"
Le Bouclier Rouge soupira encore. La présence de
la « Lance Verte » avait non seulement le don de le faire parler plus que
nécessaire – ce qui constituait déjà un exploit en soi-même –, mais également
de lui faire dire des bêtises – ce qui constituait un plus grand exploit
encore. Pour s’éviter un troisième exploit – qui serait de dire mille autres
bêtises – il se contenta de dire simplement.
"Vous ne m’avez pas annoncé votre
nouvelle."
"« Bonne » nouvelle, Kent. Souriez ! Tout va
pour le mieux ! Parce que…"
"Eh bien ? Dites."
"Votre meeeeeiilleur
ami Saïn a trouvé un nouvel amour ! Vous n’êtes pas
heureux pour moi ?"
Un bruit mat résonna. Ce fut, pour être précis,
celle de la protection en armure de la main de Kent, qui avait frappé son
front. (Aïe !)
"Vous ne changerez donc jamais ?!!"
s’écria ce dernier, partagé entre la colère et l’exaspération.
Saïn, la lééééégendairement
enthousiaste « Lance Verte » (spécialiste dans la catégorie « coureur de jupons
»), eut un laaaaaarrrrrge sourire.
"Quelle question, marmonna le chevalier à
l’armure rouge. Je me demande pourquoi je vous l’ai posée."
Réussir à faire sortir Kent de ses gongs, le léééééégendairement trop sérieux et paaaaarrfait
Bouclier Rouge, c’était l’exploit des exploits. Il faut bien avouer qu’il n’y
avait que Saïn pour y réussir. Et ce dernier avait
bien conscience de son… euh… disons, ascendant, sur son frère d’arme.
"Allez, mon cher Kent ! C’est l’heure des
réjouissances ! Enfin, mon cœur trouva, sous la romantique lumière des étoiles,
l’âme qui lui était destinée depuis la nuit des temps !"
"Espérons qu’il trouvera également
l’intelligence qui lui était destinée depuis la nuit des temps."
Mais la Lance Verte était perdue dans la
contemplation étoilée de son rêve d’amour. (Même si, comme le fit remarquer
Kent, on était en plein jour.)
"Ô douce nuit étoilée ! Ô merveilleuse beauté
des beautés ! Pourtant la merveille que vous offrez, n’est guère quand jaillit
celle de l’âme que j’ai tant convoitée !"
"Encore le vers 11 de la page 14 de votre
recueil de poésie ? Vous ne vous renouvelez pas."
"Quand jadis, perdu dans mes ténèbres et la
nuit d’hier, je ne distingue plus la protectrice lueur de la lune…"
"Saïn, hier,
c’était la pleine lune."
"…et que la lumière des étoiles s’éteint pour
moi…"
"Et les lumières de la ville nous empêchaient
de distinguer quelque étoile que ce fût."
"…quand, dans la passion de mon cœur, je ne
puis guère plus compter sur ma raison vacillante…"
"Enfin vous vous rendez compte d’une réalité,
Saïn."
"…votre âme est apparue pour moi, pour elle,
pour le monde. D’un mystère sans égal, naquit une vérité universelle, fleur des
sentiments et miracle de la vie. Chemins différents, êtres différents,
pourtant, malgré nos routes et différentes qui allaient et venaient de l’autre
face de la terre, nous étions déjà ensemble. Mais pour que le monde sût que
nous étions âmes sœurs, ne fallut-il guère que nous le découvrissions ? Pour
que le monde sût que la vérité de nos cœurs n’appartenait qu’à l’Eternel,
n’eût-il point fallu qu’en notre propre cœur, nous nous aimassions ?"
Kent allait sortir une remarque ironique de plus,
lorsqu’il remarqua le regard si indescriptible de son frère d’arme, non plus
tourné vers le ciel, mais posé sur lui. Ses yeux noisette ne pétillaient plus
d’un enthousiasme débordant, mais d’une lueur grave, sérieuse, qui lui
ressemblait si peu, et, que même lui, Kent de Caelin,
n’arriva pas à interpréter.
De quel amour parlait-il cette fois ?
Son compagnon était un incorrigible romantique,
doté de deux sous de cervelles en ce qui concernait les relations (et
particulièrement les relations amoureuses), toujours occupé à courir derrière
n’importe quel jupon et à parader devant les femmes. Pourtant, aujourd’hui, le
jeune chevalier sentit que son frère d’arme voulait lui faire comprendre
quelque chose, mais qu’il ne saisissait pas.
Le silence s’était installé.
Mais bientôt, ne pouvant rester silencieux plus de
trente secondes d’affilée – son record devait avoisiner le tiers de ce temps –,
la Lance Verte reprit son laaaaaaarrge sourire, avant
d’ouvrir la bouche de nouveau.
"Alors, mon poème n’est-il point parfait
?"
"…"
Devant l’absence d’enthousiasme de son frère
d’arme, le chevalier à l’armure verte entreprit (selon son expression) de «
réveiller la joie au fin fond des abysses Kentanien
».
"Kent, Kent, Kent… mon cher Kent, vous qui
êtes presque mon égal en ce qui concerne la culture, l’intelligence, et la
maturité… n’allez-vous point m’honorer de vos talents de critique littéraire
?"
"…"
"Kent !"
"Je ne peux guère vous promettre la critique
littéraire, mais la critique tout court, c’est plus qu’envisageable."
Saïn lâcha un long soupir.
"Kent, si vous continuez comme cela, un jour
vous allez vous transformer en mort-vivant."
"…"
Devant l’attitude figée de son camarade, le
chevalier à l’armure verte changea d’expression. Si immature fût-il en matière
de bon sens et de femmes, Saïn avait un don
exceptionnel pour sentir les moindres mouvements du cœur de son frère d’arme.
Il posa ses mains sur les épaules de son ami, et le fixa droit dans les yeux de
son regard noisette, si inhabituellement sérieux.
"Kent…"
…
"Kent, que... se passe-t-il ?"
Le Bouclier Rouge ferma les yeux. Lorsqu’il les
rouvrit, son regard cuivre, habituellement d’un calme brillant, semblait avoir
considérablement terni.
"Chaque jour qui passe… m’enlève… un peu plus
toute mon humanité… ma compassion… ma joie… mon rire… je ne sais plus rire… je…
n’arrive plus à rire… même plus… à… sourire…"
Les yeux noisette de la Lance Verte reflétèrent,
dans une étoile de beauté, la détresse qui habitait le cœur du jeune
commandant. Emu, il prit le jeune homme dans ses bras, en dépit de leur
différence de grade – il n’était que capitaine –, et l’étreint doucement. Il
savait à quoi il pensait…
La guerre qu’ils menaient…
"Au fur et à mesure, continuait le jeune
chevalier, que notre combat se poursuit… que nos lames étendent des cadavres…
je perds chaque fois plus une partie de moi-même. Au début, c’était mon
enthousiasme qui avait disparu… après, ma foi… après, mes sentiments… un jour,
ce sera mon âme que je perdrai."
"NON !!!"
Saïn avait presque hurlé. Son compagnon, surpris, cligna des
yeux, mais ceux noisette de la Lance Verte étincelèrent de passion, fixés sur
les siens.
"Kent, ne soyez pas plus stupide que vous
n’êtes d’habitude !! Vous êtes un être généreux et droit, qui aspire à donner le
meilleur de lui-même au monde… mais parfois, c’est le monde qui ne veut pas du
meilleur de nous-même !! Et ce n’est pas pour autant que votre cœur n’est pas
grand !! Est-ce que vous m’entendez ?!"
Le jeune chevalier à l’armure verte saisit la main
de son ami, puis, reculant d’un air méditatif, joua à « lire dans les lignes de
la main. »
"Même si, d’après mes dons de voyance, je
vois que… vous avez encore du progrès à faire, euh… pour être le sens l’humour
et pour la détente… que vous n’avez aucun connaissance en matière de femmes…
que vous riez une fois tous les mille ans… que vous passez votre temps à
rabrouer votre capitaine et meilleur ami, pourtant si prévenant, si talentueux
et si intelligent, et qui pense toujours à vous…"
Kent ne put s’empêcher de sourire devant la
plaisanterie taquine de son ami, puis… de rire de bon cœur. Saïn
se recula avec un grand cri de victoire, en se frappant presque la tête de
satisfaction.
"Ah ! Enfin ! Il a ri !"
"Il faut croire que c’était la fois sur les
mille ans, Saïn."
Mais le jeune homme aux cheveux châtain secoua la
tête, sûr de lui.
"Tant que votre Saïn
sera là, ce sera bien plus qu’une fois tous les mille ans !"
Devant l’espièglerie enthousiaste de son frère
d’arme, le Bouclier Rouge éclata encore d’un rire franc, qui illumina ses yeux
cuivre d’ordinaire si graves. Conscient de sa victoire, son frère d’arme
dansait presque autour de lui.
"Je le savais ! Je le savais ! Ah, Kent, je
suis doué, n’est-ce pas ?"
"Saïn ?"
"Oui ?"
"Merci…"
Les yeux noisette de la Lance Verte étincelèrent.
Ce fut d’un ton plus doux, qu’il dit ensuite.
"Sérieusement, Kent, vous devriez sourire
plus souvent. Sur votre visage, cette transformation… c’est… tellement plus
beau…"
Ce dernier cligna des yeux, et leur couleur cuivre
refléta un mélange d’étonnement et d’interrogation.
"…beau ? Que voulez-vous dire ?"
Saïn se mordit la lèvre.
"Je… je… je… rien. Je veux dire, rien du
tout. Absolument rien. Rien du tout."
Kent fronça les sourcils. Mais au fond de lui, il
était amusé. Ce n’était pas souvent qu’il parvenait à embarrasser le moulin à
paroles qu’était son frère d’arme.
"Capitaine…"
"Oh, non, pas ça, Kent !"
"…je vous ordonne…"
"Non, non, non !"
"…de vous expliquer sur le champ…"
"Non, non, et non, pas question !"
"…et c’est un ordre de votre commandant.
Alors, exécution."
"…"
"Vous savez que je ne tolère pas
l’indiscipline, y compris de la part de mes amis ?"
"Ça, merci, je l’ai bien remarqué, lorsque,
hier… oh, rien que d’y penser, ma pauvre tête !"
"Veuillez me rappeler ce qui a eu lieu la soirée
d’hier, capitaine."
"Kent, vous n’étiez pas obligé de me gifler
lorsque j’ai voulu parler à Lady Lyn dans sa tente !
Ce n’était qu’une visite de courtoisie !"
"A minuit, pendant que tout le monde dormait,
Saïn ?!"
"…"
"Bien essayé, capitaine. Mais si j’étais
vous, je trouverais une meilleure excuse en ce concerne l’explication que vous
me devez sur l’explication du mot « beau » que vous avez employé dans « C’est
tellement plus beau. »."
Pris de court, Saïn
baissa la tête, se mordant la lèvre. Mais soudainement, il tourna d’un coup son
visage vers Kent, et la résolution fit étinceler ses yeux noisette alors qu’il
lui saisit la main, faisant sursauter l’autre presque violemment.
"S… Saïn ?!
Que…"
Les yeux noisette étincelèrent, d’une lueur
ambiguë, que Kent ne parvint à déchiffrer.
"Ce que je veux dire par « beau »,
commandant… c’est que… je… je vous…"
Personne ne sut jamais ce que voulut dire la Lance
Verte, car un soldat arriva au galop vers eux, mettant en même temps qu’au
moment, fin aux espoirs d’un jeune chevalier.
"Commandant ! Capitaine !"
Saïn lâcha la main de son ami, regardant ailleurs. Tout de
suite, Kent se tourna vers le nouveau venu, l’air grave.
"Que se passe-t-il ?"
"Commandant
Kent… le général vous demande. D’urgence…"
A suivre…
*