Pour le Meilleur et pour le Pire

By Lord Ma-koto Chaoying

 

Chapitre 2 : Ô génial Matthew que je suis ! (partie 1)

(Cours de français…

Pour la unième et unième fois…)

« D-DEGAGE DE LA ! »

« Tu as dit quelque chose ? »

« Je t’ai dit de DEGAGER ! »

« Que de mots rudes, cher collègue. Pourquoi donc ? »

« Parce que je ne veux PLUS te V-VOIR ! »

« Pourquoi n’essayes-tu donc pas de tourner la tête ? »

« Oh, t-toi… GRRRRR ! »

« Ah, je sais, je suis tellement beau à voir… »

A voir la rougeur de sa tête, je suis très sûr que c’est vrai. C’est le moment de faire mon fameux « sourire-Matthewien-super-craquant », rien que pour le voir bégayer encore plus…

« J-JE… Grrrrr… J-JE… T-TOI… GRRRR ! »

Le bruit d’une règle sur le bureau. Une règle de professeur. Ha ha ha ha… rien qu’à imaginer la suite – comme je l’ai prévu –, c’est déjà très amusant…

« Monsieur KUTOLAH ! Monsieur OSITIA ! Bon sang, QUAND, au nom de la sainte matière que j’enseigne et de tous les saints du monde, allez-vous CESSER de vous chamailler et de perturber la classe ! »

Perturber la classe ? Oh, si on tient compte du fait que personne ne suit le cours depuis ma transcendantale arrivée… ne vous y méprenez pas ; je ne me suis laissé interpeller par Marcus uniquement parce que c’est dans mon plan. Et voir Guy perdre ses moyens est IRRESISTIBLE. Mais au final, je ne ferai jamais prendre ou punir si ce n’était pas dans mon but.

« M-MONSIEUR ! C’est… M-MATTHEW qui… m’empêche de TRAVAILLER ! »

Je hausse un sourcil, très amusé. Ah la la… il est tellement prévisible.

« Evidemment, mon cher Guy, si tu me craches à la figure et m’abreuves d’insultes à chaque fois que je me m’approche de toi pour qu’on travaille, comment veux-tu qu’on avance ? »

C’est tellement facile de le casser. A voir les flammes qui s’allument dans ses charmants yeux verts et le froncement de sourcils de Marcus, j’ai déjà gagné.

« M-mais… mais… TU… »

Trop facile.

« Monsieur Kutolah, veuillez vous calmer et laisser au moins votre camarade s’asseoir sur cette chaise pour commencer votre travail en groupe. Et si j’entends encore quelque bruit que ce soit venant de votre table, vous m’entendez… »

Sans doute fatigué par ce surcroît d’effort, Marcus s’empresse d’aller voir un autre groupe. Quant à mon amusant petit myrmidon, il me regarde, l’air... courroucé. Il faut immortaliser cet instant. Ses yeux émeraude disent clairement : « C-comment ! Ah ça… c’est la M-MEILLEURE ! ». N’eût été sa crainte de se faire prendre à nouveau, il l’aurait hurlé.

« C-comment ! Ah ça… c’est la M-MEILLEURE ! »

Ah-ha… courageux, le petit myrmidon de Sacae. Ou naïf. Sans doute les deux à la fois. Ah, j’adore quand ces yeux brillent comme ça, on dirait des joyaux. Mais c’est le moment d’appliquer la touche finale de mon plan en tout point parfait. Je susurre.

« Oh que non, mon cher Guy… tu n’as pas encore vu la meilleure… »

A voir son regard terrifié, n’importe qui peut comprendre qu’il redoute encore un stratagème de ma part, et il a bien raison. Mais tout de suite le courage – ou la naïveté – l’emporte chez lui, et il sort – naïvement.

« Quoi donc ? »

Et il sait qu’il n’aurait pas dû dire ça. Il le voit le fameux sourire Matthewien que je lui réserve tout spécialement, et auquel il a droit avant que...

PHSSSSSIIOOUUU !

…je tire d’un petit coup sec sa superbe natte de cheveux verts. Verts comme ses yeux.

« MAAAAAATTT-HHHEEEWWWW ! »

Son hurlement a dû faire trembler la salle, parce que les élèves hurlent de rire et que Marcus, scandalisé – mais plus étonné du tout –, lance.

« Monsieur Kutolah ! Bon sang, CALMEZ-VOUS et cessez de HURLER ! »

Et lui, de répondre.

« J-JE SUIS CALME ET J-E NE HURLE P-PAS ! »

Ah, on ne s’ennuie jamais avec lui, c’est sûr… allez, comme je suis magnanimement magnanime, je vais lui accorder un peu de répit. Ma bonté me perdra, c’est sûr.

« Du calme, Guy. »

Autant dire au feu de s’arrêter de brûler.

« T-tu te tiens devant m-moi, E-ET TU V-VEUX QUE JE SOIS C-CALME ! »

C’est trop tentant de le titiller… je me place devant lui, et lui décoche un de mes regards les plus charmeurs, accompagné d’un sourire à faire tomber les filles raides dingues de moi.

« Suis-je donc si beau, pour que tu te mettes dans de tels états à cause de ma seule présence ? »

« M-MAT-THEW ! C-COMMENT… O-OSES-T-TU…»

Mon Dieu, ce bégaiement est vraiment trop craquant. Bien plus encore que la situation n’est drôle – quoique je doive admettre que la drôlerie de la situation se défend – se défend drôlement, pour faire un jeu de mot absolument génial (comme moi).

…la cloche sonne.

« Loué soit sainte Elimine pour cette action de grâce venant mettre fin à mon sacerdoce ! »

Apparemment, il semblerait que Marcus soient encore plus heureux que ce soit la fin du cours que les élèves, ce qui est un fait historique. J’entends un petit myrmidon marmonner quelque chose à propos de la première parole sensée de ce professeur depuis le début de son existence… ce qu’il ne sait pas, c’est que je n’en ai pas fini avec lui.

« AHHHH ! MATTHEW ! Qu’est-ce que t-tu fais ! Lâche-moi ! »

Hum ! Moi, lâcher cette natte de cheveux encore plus soyeux que le vent sur la peau ? C’est bien trop rigolo de le voir lutter comme ça pour se dégager…

« Au cas où tu ne l’aurais pas remarqué, mon cher Guy, le professeur a encore quelque chose à dire. »

« Et TU c-crois que je peux e-entendre quelque chose avec la t-tête à l’envers et quelqu’un qui t-tire mes cheveux comme si c’était un p-pullover ! »

Un pullover, ça s’enfile, non ?

« COMME JE DISAIS – c’est la voix de Marcus –, vous allez prendre le repas ensemble avant de vous préparer à prendre le car pour votre nouvel habitat… »

« L-LE CAR ! UN N-NOUVEL H-HABITAT ! »

Les élèves rient devant les hurlements de Guy. Ce que j’adore chez lui, c’est qu’il fait tout à 100 pour 100. Même se couvrir de ridicule.

« Monsieur Kutolah, continue un Marcus exaspéré, CELA VOUS ARRIVE-T-IL D’ECOUTER AU LIEU DE VOUS BATTRE AVEC MONSIEUR OSITIA ! »

En voyant la tête de mon myrmidon coincé par les cheveux attachés par un nœud à mon taille-crayon, il se reprend.

« Quelle question stupide, marmonne-t-il. Les poules n’ont pas encore des dents… »

Les élèves hurlent de rire. Ah, merci, ô mon public d’admirateurs !

« Comme je disais pour monsieur Kutolah qui n’écoutait pas, si occupé qu’il était à chercher des noises à monsieur Ositia – à ces mots, les yeux vert émeraude de Guy me lancent des éclairs –, cet exposé que nous allons faire nécessite que vous changiez de milieu et donc de logement pendant un certain temps, élèves comme professeurs. Pendant une période de six mois, vous allez habiter ensemble dans un pensionnat situé à… »

« Q-QUOI ! »

Guy fait encore des siennes. Pourtant je n’ai fait qu’un nœud double à sa natte avec mon taille-crayon…

« MONSIEUR KUTOLAH, pour L’AMOUR DU CIEL, CESSEZ DE HURLER ! »

« J-JE VAIS DEVOIR ÊTRE D-DANS LE M-MÊME ENDROIT QUE… CE… CE… »

Si le regard avait pu tuer, Marcus serait mort. Au lieu de quoi, il continue à parler.

« OUI ! Vous serez, comme tous les élèves, dans le même pensionnat, monsieur Kutolah, tout comme monsieur Ositia. Même s’il est maintenant de notoriété publique que vous n’êtes pas en termes des plus amicaux ! »

Les élèves rient encore.

« Le professeur Kent vous donnera les numéros des chambres et les clés, ainsi que la répartition des élèves. N’oubliez pas d’aller le voir, et si vous ne le voyez pas, d’en parler au professeur Heath. A bon entendeur, salut ! »

A voir la tête de Guy, l’apocalypse est proche. Ah-ha, je sens que je vais bien m’amuser, moi…

« Où vas-tu, mon cher Guy ? Tu n’as pas oublié quelque chose ! »

Des yeux émeraude m’assassinent.

« F-fiche-moi la paix ! »

« Quelque chose, du genre, « il faut à travailler sur notre exposé ensemble » ? Ou alors, du genre, au moins « il faut commencer réfléchir à un thème pour notre exposé » ? »

« On a le t-temps ! »

« Si tu avais écouté Marcus, tu saurais qu’il a dit ça. »

« J-JE ME P-PASSERAI DES C-COMMENTAIRES DE MONSIEUR-JE-SAIS-TOUT ! »

Amusé, je lui décoche un de mes sourires-hyper-craquants.

« N’empêche que Monsieur-je-sais-tout est là pour veiller sur toi… »

D’un geste brusque, il dégage sa natte de mon taille-crayon, et dignement, disparaît par la sortie.

« Je n’ai pas besoin de personne pour veiller sur moi… »

Il ne bégaie pas ?

« …surtout pas de toi, Matthew. Parce que… »

Ses yeux vert émeraude me jettent une lueur plus éclatante que le soleil.

« …parce que personne ne peut avoir besoin de quelqu’un comme toi, Matthew Ositia. »

Il disparaît.

…personne, hein ? Personne ne peut avoir besoin d’un Matthew Ositia, n’est-ce pas ?

Les élèves disparaissent, en emportant leurs rires avec eux.

Mais moi, c’est mon rire qui m’a emporté avec lui, il y a très longtemps, pour me perdre. Cela fait des années que dans mon rire, il n’y a plus de moi-même. Il y a très longtemps que plus personne ne doit plus avoir de Matthew Ositia, ni que cette personne ait encore besoin de Matthew Ositia pour veiller sur elle, parce qu’il n’aura jamais su le faire.

Toi, toi qui est partie maintenant trop loin de moi, pourquoi ne m’as-tu laissé que ton ombre ?

Et…

…je SAIS quel sujet que je voudrais choisir pour cet exposé. Oui, maintenant, je le sais. Reste à le « proposer » à Guy… oui, à lui, lui seul. Car… ce n’est pas pour rien que c’est lui que j’ai choisi comme partenaire pour ce travail. Même s’il ne me choisira jamais, même s’il ne comprendra jamais, j’espère qu’un peu de ce que je voudrais tant lui dire entrera en lui, et l’aidera un jour pour vivre son propre combat.

Il est resté pur dans son désir d’être un vrai chevalier…

(Du temps plus tard…)

Alors que je méditais, en proie à mes sombres pensées, l’apocalypse me tomba dessus, signant mon arrêt de mort. Ou mon arrêt de vie, c’est comme on voudra.

« Maaaaaaattheeeeeeeew ! »

Oh, non… cette voix stridente… de fille… Sainte Elimine, dites-moi que ce n’est pas…

« ……..Serra. », je marmonne entre mes dents serrées.

Déjà j’aperçois du coin de l’œil les couettes roses émerger du mur… non, pitié, tout sauf ça. Qu’ai-je donc fait pour mériter ça ? D’accord, j’ai fait chier Guy 1 234 409 fois, en lui extorquant diaboliquement 19 faveurs à honorer, mais tout de même… cela ne méritait pas un tel châtiment…

« Mattheeewwwwww ! Attends-moi ! »

Aïe, mes oreilles… cette voix… Serra, la terrible et impitoyable Serra… NON ! Je vais vous expliquer. Au premier abord, avec ses jolies couettes roses et son charmant visage, Serra peut paraître la plus douce des créatures du monde. Mais au second abord, elle est la plus diabolique des créatures de ce monde.

« MATTHEWWWWW ! Je sais que tu es lààààààà et que tu brûleeeeuuuhh d’envie de voir la charmannnnnnte Serra, ta meilleure amieeeeeee ! »

Je n’ai jamais prétendu à tel titre.

« …mince. »

Disparaître est DEFINITIVEMENT une bonne idée. Pourquoi ne pas pratiquer ma fameuse technique de disparition instantanée, le « Night Shadow » ? Ah, une note pour me faire comprendre. Un certain nombre d’entre nous ici, possède des techniques ou des dons particulier dus à son ascendance. Par exemple, les Kutolah – dont Guy – sont issus de Sacae. Les gens de Sacae étaient à l’origine une tribu possédant des connaissances exceptionnelles en matière d’archerie à cheval, ce que presque aucune personne ne maîtrise. Ils sont aussi d’habiles bretteurs. Guy est une exception parmi les exceptions. D’après mes sources secrètes de renseignements, il est loin d’être un archer d’exception, mais… est très doué à l’épée. Je dirais… exceptionnellement doué, même. Son jeu manque d’expérience. Mais, pour m’être battu avec lui… je sais qu’il est de cette étoffe des grands. J’ai dû ruser pour gagner… que voulez-vous. Il faudra bien, un jour, qu’il apprenne à se montrer plus malin, s’il veut devenir chevalier. Car il y a beaucoup plus fort que moi. Même en matière de tromperie.

Même pour en revenir à ces dons spéciaux hérités de l’ascendance… ma technique à moi est le « Night Shadow ». C’est une technique spéciale qui me donne la capacité de disparaître et de réapparaître instantanément ailleurs, un déplacement ultra-rapide qui équivaut aux yeux d’autrui à de la téléportation. En outre, j’ai des talents spéciaux en ce qui concerne les « travaux de l’ombre »… c'est-à-dire, crocheter les serrures, déverrouiller les portes blindées, pénétrer dans les endroits plus difficiles d’accès et percer les codes ainsi que les pièges… j’ai également une vision trois fois supérieure à la normale. Oui, vous l’avez deviné ; je viens d’un très ancien clan de voleurs, surnommés « les Artistes de l’Ombre ». Je ne l’ai jamais avoué à personne, ni fait usage de mes techniques qui aurait pu révéler mon origine. Si on en avait vent dans le lycée ou dans mon entourage, je risquerai gros… très gros. Dire que je serais renvoyé serait peut-être très en dessous de la réalité, pour tout résumer. Les voleurs n’ont jamais été bien vus dans la société. Imaginez ce que ça serait pour moi, qui suis un descendant d’un des plus célèbres clans…

…personne ne doit jamais le savoir.

Un seul, au monde, connaît ma véritable identité. Et c’est celui qui n’a jamais eu peur de montrer la sienne. Toute son attitude chante un hymne glorieux non seulement à son appartenance à son propre clan, mais également au rêve de son cœur – devenir un vrai guerrier. Toute la fierté de Sacae coule dans son être.

Guy, tu es tellement plus courageux que moi.

Tellement plus courageux… je ne te le dirai jamais, mais… je t’admire, Guy. Si encore je ne pouvais faire que t’admirer, les choses auraient peut-être été plus simples…

« Maaattheeeeewww ! »

La voix stridente de Serra… c’est le moment de faire ma technique. Considérant que je suis au premier étage… la distance sera de… okay. Je joins les mains en formant des signes façon ninja, et murmure…

« Night Shadow. »

Instantanément, je me « téléporte » au rez-de-chaussée, près du réfectoire. Malheureusement, ce que je n’ai pas prévu, c’est de failli avoir écraser le directeur Hector.

« $£)/;$ù ! »

A juger par le langage très élégant, c’est bien Hector. Je sens que ça va mal se passer pour moi… je crois que je n’aurais pas dû utiliser mon « Night Shadow ». Je ne maîtrise pas cette technique…

« MATTHEW ! Quoi, c’est toi ! Tu n’as pas mieux à faire que de me foncer dedans, petit $£) ! »

Il m’attrape par le col, mais avec la souplesse d’une anguille, je m’échappe de son étreinte. Finalement, être descendant d’un clan des Artistes de l’Ombre a ses avantages. Peut-être que des excuses vont le calmer ?

« Désolé, monsieur... »

« $£)/;$ù ! »

Mauvaise option. Heureusement qu’il a cru que j’ai atterri sur lui parce que je fonçais dans le réfectoire pour aller manger. S’il avait eu vent de ma technique… aïe.

J’attends patiemment que le directeur se calme.

« $£)/;$ù ! GRRRRR ! »

Il faudrait vraiment trouver une solution. Soit que je cesse à tout jamais d’employer cette technique, soit que j’aie l’occasion de faire des progrès pour ne plus atterrir n’importe où. Ce n’est pas seulement mon incognito qui est en jeu, mais aussi ma tranquillité d’esprit. Parfois, j’arrive à maîtriser la technique – voire pas trop mal, en général. Mais lorsque je suis contrarié, ou perturbé, j’ai presque 90 pour cent de chances de rater. Ça a dû être le souvenir de Leila, à cause des paroles de Guy, qui ont dû raviver la douleur… mince. On peut mesurer l’efficacité du « Night Shadow » à la précision et à la rapidité du déplacement, ainsi qu’à la distance parcourue. Mais je suis loin de la maîtriser…

« Ça t’arrive souvent, Matthew, de foncer dans le dos des personnes sans faire attention ? »

Il commence à se calmer.

« Je n’ai pas fait exprès, monsieur. »

« Ça, pour ta vie, je l’espère ! »

Il est calme, tout va bien.

« Enfin, puisque tu es là… Matthew, j’ai à te parler. Et en confidentiel. Hors des oreilles indiscrètes. »

Je souris finement.

« Donc, je ne pas si mal tombé, monsieur Hector ? »

Je l’entends grommeler quelque chose à propos des élèves pas foutus de s’abstenir de faire des jeux de mots stupides. Cependant, je le suis, dans un local à part. Arrivé là-bas, il ferme la porte, et commence selon sa délicate méthode habituelle, à frapper de ses grandes mains le bureau.

BOUM !

Et il veut me parler hors des… oreilles indiscrètes.

« Matthew, où en es-tu dans ta mission ? »

Il fait allusion à un de mes « travaux sous couverture ». Explication. Quelque élèves, à savoir Serra et moi, plus le surveillant Oswin, sont chargés d’exercer une surveillance discrète sur le lycée et de le protéger, car si les apparences montrent que ce n’est pas un endroit tranquille, la réalité est encore pire. Pourquoi moi et les autres que je vous ai cités ? Parce que jadis, Oswin était au service d’Uther, le frère aîné d’Hector, qui dirigeait l’établissement. Serra appartenait à une famille de guérisseurs dans un couvent dirigé par Uther aussi. Quant à moi, c’est mon ascendance d’un clan de voleurs qui a fait Uther employer mes services d’espion. Nous avons chacun notre rôle : moi, je suis chargé d’exercer une surveillance discrète. Oswin d’intervenir en tant que surveillant, et Serra de soigner les éventuelles blessures.

« Les choses ont l’air normales, directeur. A part que… »

Un ton acide me coupe.

« A part que ? »

« …je dois travailler avec Serra… »

« … »

« Vous ne pourriez pas… la mettre avec Oswin ? »

« Idiot. Tu sais bien qu’en tant que surveillant, il… »

« …ne peut pas aller avec une élève, je sais. »

Quelle plaie.

« Très bien, Matthew. Tu peux y aller. »

L’instant d’après, je disparais – mais façon naturelle, c'est-à-dire par la porte et sans technique spéciale. Il est temps d’aller manger au réfectoire ou ça paraîtrait suspect…

Leila…

Je sursaute. Pourquoi je repense à Leila ? Pourquoi ? Elle est morte. Elle est morte, tuée par une bande d’assassin et de voleurs. Ça n’aurait jamais eu d’importance d’en mentionner les responsables, si moi-même, je n’étais pas un descendant d’un clan de voleurs.

Est-ce que je vaux tellement mieux que l’assassin de celle qui n’était si chère ? Guy n’arrête pas de me le répéter, que je l’énerve, qu’il n’a pas besoin de moi, que je suis arrogant, etc. Jusqu’à quel point a-t-il raison ?

Je me sens triste.

Car je sais… que tu as raison, Guy. Je ne vaux pas mieux que toutes ces personnes. Il y a des jours où j’aimerais être comme toi, fier et noble guerrier de Sacae. Mais je ne suis qu’un voleur.

Si un jour… tu pouvais me donner une autre réponse… alors…

…Guy. Continue à être ce que tu es, ce que je ne peux pas être, et ce que même Leila n’aura pas pu être, finalement. Son assassin lui a tout volé : son sourire, son cœur, sa beauté, tout a disparu avec elle. Je ne peux pas… laisser cela arriver à toi, Guy. Je ne m’en remettrais pas cette fois.

Deviens fort, Guy…

 

(à suivre)

Chapitre bâclé... -- aurais pu faire mieux...

*

 

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