Ich bin aufgewacht
Chapitre 2 : Qui
suis-je ?
By Vestalie
-Où suis-je ?
Isabelle était sans voix. Elle se contentait de plonger ses grands yeux verts dans ceux bleus de Johann. Elle tremblait légèrement. C’était la première fois qu’elle entendait sa voix, voyait ses yeux, sentait ses muscles se contracter. D’ailleurs, il avait une sacrée poigne, il commençait à lui faire mal au bras.
Elle ouvrit la bouche plusieurs fois, mais aucun son ne sortit.
« Je dois franchement voir l’air d’une abrutie là, songea-t-elle. C’est sûr, à force de faire le poisson rouge. Mais... ?! Et si c’était à cause de mon baiser qu’il s’était réveillé ? Et s’il se rappelait de tout ? »
Pour parfaire le tableau de la parfaite cruche qu’elle incarnait en cet instant, elle se mit à rougir. Elle se reprit dés qu’elle vit un air paniqué sur le visage du blond.
En effet, il lâcha son bras en regardant autour de lui avec incompréhension. Il recula dans son lit jusqu'à se plaquer contre le mur. Il regarda Isabelle comme si elle représentait son seul point d’attache dans ce monde, et lui demanda, presque les larmes aux yeux :
-Qui suis-je ? Pourquoi je suis là ? Qu’est-ce qui...
Elle sortit immédiatement de sa léthargie, et le prit par les épaules en le regardant dans les yeux.
-Ne t’inquiètes pas, dit-elle avec douceur, tu t’appelles Johann, et tu es dans un hôpital. Je vais aller chercher un médecin, ne panique pas.
Même si elle voyait qu’il était toujours déboussolé, ses paroles l’avaient au moins un peu calmer. Isabelle lui serra légèrement les épaules en souriant avant de sortir à la recherche d’un médecin.
Pendant ce temps, Johann, assis dans son lit, fixait ses mains avec un visage impassible, presque inquiétant.
OoOoO
Isabelle attendait devant la porte de la chambre 515. Il tripatouillait ses doigts, entortillait ses cheveux, se mordait la lèvre inférieure, bref, elle était tout, sauf calme. En plus, elle était en rogne contre les médecins. C’était elle qui s’occupait de Johann depuis son admission ici, alors pourquoi l’avait-il ainsi mise à la porte ? Jamais elle ne les avait vu aussi stressé.
-Peut-être que finalement, il est quelqu’un de très important... pensa-t-elle tout haut.
-Où bien quelqu’un de dangereux.
Isabelle se tourna vers la personne qui venait de parler, une moue d’incompréhension sur son joli visage.
-Ben oui, ma petite Isa, fit Rebecca en la regardant comme une gamine de six ans, les patients ici ne sont pas tous nets. On a deux ou trois criminelles qui traînent.
-Johann n’est pas un criminel ! Objecta vivement l’infirmière. Il a juste sûrement eu de gros problèmes avant !
La secrétaire partit en soupirant.
-Ce n’est pas parce qu’il a une bouille d’ange qu’il est forcément innocent, tu sais.
Isabelle jeta un regard assassin au dos de son amie, et se mit face à la porte. Maintenant, on allait arrêter de se payer sa tête. Elle allait défoncer la porte s’il le fallait !
Alors qu’elle levait le poing pour marteler la porte, cette dernière s’ouvrit brusquement pour laisser apparaître M. Achilles, le directeur de l’hôpital. Il la dévisagea de haut en bas, hautain, jusqu’à la faire rougir. Au bout de quelques instants, il consentit à lui donner un bout de papier sur lequel était noté un numéro de téléphone.
-Appelez ce numéro, ordonna-t-il sèchement.
En temps normal, Isabelle lui aurait fait remarqué que la politesse n’était pas faite pour les chiens, mais à cet instant, elle était plus occupé à regarder par-dessous les épaules de son supérieur pour pouvoir regarder Johann. D’après ce qu’elle réussissait à voir, on lui faisait des prises de sang. Il tourna la tête vers elle, et lui sourit. Elle lui fit un petit coucou, puis courut jusqu’au standart pour téléphoner avant qu’Achilles ne la vire à cause de sa lenteur incompétente.
Elle décrocha le téléphone et regarda le papier d’un air pensif.
-Alors, marmonna-t-elle, M. Runge, Düsseldorf...
OoOoO
La sonnerie du téléphone retentit dans le petit appartement désert.
Une fois. Il y avait des lettres éparpillées sur le buffet du salon.
Quatre fois. Des assiettes sales traînaient dans l’évier.
Six fois. Il y avait des photos représentant une jeune femme avec un bébé, ou bien une femme d’âge mûr avec un homme au physique un peu austère, qui trônaient sur la cheminée.
« Vous êtes bien chez Runge, je ne suis pas là pour le moment... » Un mot avec une écriture d’enfant était épinglé sur le frigo et disait : « Ce soir, dîner avec papi ! ».
OoOoO
-Merde...
-Ta mère t’a jamais appris la politesse ?
Isabelle, qui venait de raccrocher le téléphone, lança un regard désabusé à Rebecca.
-Vois-tu le geste particulièrement obscène que je te fais mentalement ?
La secrétaire rit en rangeant d’autres dossiers.
-En tout cas, une chose est sûre, elle t’a pas appris à être à l’heure à tes rencards...
L’infirmière eût une moue d’incompréhension total, qui se changea vite en une vraie panique. Elle sortit de derrière l’accueil en faisant tomber plusieurs piles de dossiers.
-J’suis à la bourre, râla-t-elle en courant vers le vestiaire.
Elle ouvrit brusquement la porte, et se rua vers son casier en regardant l’horloge au-dessus de la porte.
« J’ai carrément deux heures de retard !! »
OoOoO
Il tombait des cordes à l’extérieur de la maison de style victorien où se trouvaient trois ou quatre personnes. Elles étaient debout face à un cinquième homme, assis dans un fauteuil vert foncé. Il arborait un sourire inquiétant, et ses yeux paraissaient presque... Démoniaque.
-Ainsi donc, fit-il avec un sourire, il s’est réveillé...
Il se passa doigt sous le menton avant d’éclater de rire. Un rire, tout aussi mauvais que ses yeux. Mais le détail le plus insolite chez cet homme assez jeune, était qu’il lui manquait une partie de son oreille droite.
A suivre...
*
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